La saga "Thor" est définitivement à part dans le Marvel Cinematic Universe et ne cesse de contredire les prédictions. Le 1er devait être un navet et a épaté son monde en convaincant le public de la capacité de Marvel à rendre accessible et crédible les univers les plus improbables. Le 2nd avait, du coup, susciter de grands espoirs mais avait déçu par son côté terriblement vain (au point d’être considéré comme un des moins bons opus de tout le MCU). Le 3e épisode était donc attendu au tournant et les bandes-annonces laissaient entrevoir une vraie reprise en main de la saga ainsi que des partis-pris visuels audacieux. Et, une fois encore, l’audace paie car ce "Ragnarök" est une grande réussite et ce, à tous les niveaux ! Tout d’abord, les scénaristes a décidé de se passer de la Terre comme terrain de jeu pour mieux exploiter le potentiel space opera (merci "Les gardiens de la galaxie"), ce qui donne lieu a un délire visuel invraisemblablement bariolé. Le risque était grand de sombrer dans le kitsh mais (et c’est tout l’apport du réalisateur Taika Waititi) le récit a l’intelligence de ne jamais se prendre au sérieux en adoptant un humour et un second degré permanent qui désamorce toute situation potentiellement too much. Mieux encore, Waititi insuffle un rythme hallucinant à son film, tant sur le plan comique que sur le plan du grand spectacle. Résultat ? "Thor : Ragnarok" est incroyablement drôle
(l’adaptation théâtrale de la "mort" de Loki et son époustouflante distribution, Thor qui ne veut pas qu’on lui coupe les cheveux, ses échanges avec Hulk pour savoir qui est le plus fort, le "A l’aide !" auquel il veut faire jouer Loki, les délires du Grand Maître…)
mais, également, incroyablement fun (la BO terriblement 80’s aide beaucoup à ce niveau). Le ton du film peut, d’ailleurs, paraître surprenant au vu de son sujet et de certains axes scénaristiques particulièrement dramatiques
(le drame shakespearien s’accentue avec l’arrivée d’une sœur maléfique voulant prendre le pouvoir, Odin meurt, Asgard est détruite, Thor perd un œil…)
mais cela ne fait que renforcer le caractère atypique du film. Les personnages sont, du reste, particulièrement bien servis et mis en valeur avec une impression de liberté de ton rafraichissante. Thor (Chris Hemsworth) enfonce le clou du Dieu égocentrique et confirme tout son potentiel comique. Hulk (Mark Ruffalo) n’a jamais eu autant de place pour exister (exception faite de son film solo bien sûr) et rappelle ainsi qu’il n’est pas qu’un bourrin qui écrase tout sur son passage. Loki (Tom Hiddelston)
s’éloigne un peu plus encore du côté obscur
et reste, plus que jamais, un des meilleurs personnages du MCU. Les nouveaux personnages auraient pu bénéficier d’une écriture un peu plus aboutie, que ce soit la méchante Hela (Cate Blanchett habitée) assez obscure dans ses motivations, la guerrière Valkyrie (Tessa Thompson), trop premier degré au vu du second degré ambiant ou encore Skurge (Karl Urban), un peu trop prévisible dans son évolution (même si elle fait plaisir). Seul l’hilarant Grand Maître (Jeff Goldblum en roue libre) bénéficie d’un traitement à la hauteur des anciens. "Thor : Ragnarök" est, donc, une vraie réussite, décomplexée et fun… qui ferait presque oublier son intrigue un peu basique et souvent cousue de fils blancs. Cet opus prouve, surtout, définitivement l’incroyable savoir-faire acquis par Marvel au cours des dernières années. La Warner et DC Comics doivent baver…