Mine de rien, il y a pas mal de choses à écrire sur « Zootopie ». D'abord, que Disney a su y imposer un rythme trépidant et globalement très agréable, le tout porté par une animation flamboyante, sans doute l'une des plus abouties signée par le studio, que ce soit à travers des personnages incroyablement expressifs ou des décors aussi immenses que variés, offrant un dépaysement total à un univers très cohérent, finalement assez représentatif d'une Amérique à la fois attachée à ses origines terriennes et à l'urbanisme caractérisant les grandes villes. De plus, le dessin animé a la bonne idée d'à la fois créer un monde relativement proche de celui des humains tout en conservant pas mal de spécificités animalières, si bien qu'on peut autant se retrouver dans les différentes situations tout en n'ayant pas (ou peu) l'impression d'une simple transposition chez nos amis à quatre pattes. Ajoutons à cela des héros attachants (notamment Judy, bien qu'un peu agaçante), servis par un doublage remarquable (Ginnifer Goodwin, Idris Elba, J.K. Simmons ou Maurice LaMarche dans une hilarante parodie du
« Parrain »
), beaucoup d'humour et surtout une enquête policière pour le moins surprenante chez Mickey, d'autant que sans être exceptionnelle, celle-ci s'avère en définitive plutôt complexe et loin d'être facile à résoudre. Et pourtant, je ne mets que trois étoiles... C'est que j'ai beau avoir passé un (vrai) bon moment, Disney reste Disney, et c'est encore plus lourd que d'habitude... Pourtant, j'y ai cru naïvement au départ lorsque je voyais quelques réflexions (un peu) plus désenchantées que de coutume, semblant vouloir creuser quelques pistes originales et moins gnangnan, comme avait notamment su le faire « Les Mondes de Ralph ». Ce qui se ressent d'autant plus que le film s'empêtre de plusieurs moments convenus, que ce soit dans la relation entre Judy et Nick, mais surtout ce message lénifiant et omniprésent de tolérance, de respect mutuel, de compréhension... C'est mignon, d'accord, mais aussi vraiment très, très (trop) bien-pensant. Enfin, quand va t-on arrêter cette mode des dessins animés se
concluant en chanson
(pas terrible, en l'occurrence), car au bout de la 36ème fois, cela commence à devenir pénible. Cela écrit, après revisionnage, et même si je continue à penser en partie ce que j'ai écrit, j'avoue avoir trouvé ces défauts moins gênants. Certes, le discours est prévisible, mais pas trop nunuche non plus. Il y a un minimum d'ironie dans les échanges, et cela reste finalement assez cohérent avec l'intrigue et le caractère des protagonistes développé jusque-là, si bien que j'aurais tendance à revoir mon jugement à la hausse. D'ailleurs, ne boudons pas notre plaisir. J'ai beau être frustré que le studio aux grandes oreilles ne se soit pas totalement émancipé de ses valeurs habituelles, il y a du talent, de l'énergie et une volonté réelle d'offrir un spectacle ludique aussi bien aux enfants qu'aux adultes, le tout saupoudré d'auto-références franchement sympas : il serait donc dommage de passer à côté.