Comme il se doit, et comme d'habitude, j'y suis allée en me renseignant le moins possible, simplement alertée par "Taiwan" et je ne sais quel signe laissant subodorer que ça pouvait être intéressant. Comme il se doit, je me suis à la fois copieusement ennuyée, tout en me laissant imprégner de sublimes images, comme il se doit, j'ai capté les signes d'une civilisation (?) qui secrète ses populations de laissés pour compte, les en marge, les ratés du système, les invisibles. Comme il se doit, je me suis dit que ce film devait captiver les Cahiers du Cinéma, ça n'a pas manqué, j'ai regardé après, ils sont dithyrambiques, et comme il se doit, je vois ce qu'ils veulent dire... Tout ça pour dire : certes, je me suis assez copieusement ennuyée, mais certes, aussi, je me suis laissée embarquer dans le regard de l'auteur sur les non lieux, la pluie, la zone, les paysages dévastés, les squats, les chiens, parce qu'il y a aussi des chiens errants. Ce film en forme de rêverie laisse une impression mitigée, certes, c'est chiant en direct, mais c'est bien aussi, ça envahit, ça imprègne, ça occupe. Et si c'était moins long ? je ne sais pas, j'ai toujours envie que ça soit moins long. Comme Bill Viola au Grand Palais. Mais peut-être que ça doit être long pour occuper tout l'esprit et tout l'espace. Et le plan final, on se demande, on se dit que ça devrait s'arrêter, à la fin... cette contemplation d'un paysage d'avant.. avant la dévastation, avant le monde industriel, avant le triomphe de l'humanité galopante et construisante. Bref, ce film chiant laisse des traces. Difficile de compter le nombre d'étoiles. 2* pour l'ennui ? C'est ce que j'aurais dit en sortant. Ou 5 *, pour l'ambition ? Va pour 3,5*.