Considéré comme le prince de la comédie italienne, fils de medecin, étudiant lui-même en médecine, sa passion pour la psychiatrie n'est sans doute pas étrangère à la réalisation de " un amour à Rome ", drame distribué en france sous le titre " l'inassouvie".
" Les inconstants " aurait sans doute été un titre plus approprié pour la description de ce cas de névroses communes, imbriquées l'une dans l'autre, peu décrites au cinéma, bien qu'elles soient souvent observées dans la vie réelle.
Un jeune homme qui paraît avoir tout pour lui (physique avantageux, intelligence, milieu bourgeois, doté de prétendantes sans défauts apparents), tombe amoureux d'une gourde, sans aucun intérêt - les spectateurs masculins se douteront de ce que sont ses talents cachés- pour laquelle, il s'écarte de son chemin vers le bonheur.
Que souhaite nous montrer Risi ? Le réalisateur se propose, selon moi, de souligner la part d'ombre chez certains hommes ou femmes qui placent la sexualité comme la seule vertu qui compte dans la recherche du partenaire de vie et leur sert de boussole existentielle
C'est finalement un portrait de la force de la sexualité sur laquelle s'attarde Risi dans ce film. Le jeune homme ne peut se soustraire à l'attraction qu'il a pour cette jeune femme instable et dont la fiabilité est aussi mince que celle qu'il manifeste à l'égard de ses autres conquêtes.
Si " l'inassouvie" n'est généralement pas citée parmi les opus les plus intéressants et reussis de la filmographie de son auteur, il me semble que c'est grandement à tort.
C'est pour ma part, une découverte majeure que ce film réalisé en plein âge d'or du cinéma italien, qui n'est pas loin de faire jeu égal avec les sommets du septième art transalpin.
La distribution composée de la niçoise Mylene Demongeot, adroitement choisie ( elle est physiquement surclassée par Elsa Martinelli et
par l'actrice autrichienne ) ainsi que par l'américain Peter Baldwin - excellent- tient sacrément la route. On retrouve aussi, pour mémoire, dans un petit rôle de metteur en scène, Vittorio De Sica.
La réalisation est elle aussi de premier ordre et ne comprend aucune scène de trop.
Si le registre de la comédie ( registre qui n'a bonne presse, du moins parmi la critique hexagonale) n'a sans doute pas permis à Risi d'etre considéré comme figure du panthéon des cinéastes italiens ( Fellini, Visconti, Rosselini, Antonioni, Pasolini sont par exemple beaucoup mieux côtés que lui), il montre avec " l'inassouvie" l'amplitude de son talent.
Risi est, ( du moins à mes yeux) au même titre que ses confrères précités, un maitre du cinéma italien. L'oubli dans lequel est injustement tombé cet opus de Risi, provient sans doute du thème dérangeant qu'il aborde de manière frontale, mais certainement pas de ses immenses qualités formelles.
Les amateurs de Dino Risi, de l'âge d'or du cinéma italien et de cinéma d'auteur ne laisseront pas passer ce film formidable.