Nous étions nombreux à attendre la sortie de ce film et les avis autour de moi furent assez partagés. Toutefois, le constat global en fut qu'il n'était nul besoin d'être un fan de "vélo" à 100 % pour regarder ce film et en apprécier le résultat.
L'intérêt bien sûr pour les amoureux (et pratiquants) de la petite reine se justifie encore plus d'autant que le Tour de France, "la Grande Boucle", est l'épreuve sportive la plus difficile au Monde.
"The program" est un film qui se suit non pas comme un "thriller", je trouverais personnellement le terme trop exagéré, mais presque comme un film policier.
C'est bien plus un film sur le dopage dans le domaine du sport, particulièrement du cyclisme car ce fut le plus gros scandale de notre siècle, qu'un biopic à 100 % sur Lance Armstrong.
Le vélo devient, en quelque sorte, un "support" avec son inévitable "champion imposteur", impénétrable, trouble, passé "de la gloire à l'humiliation". Détesté au plus haut point par certains, encore admiré par d'autres même aujourd'hui.. Ben Foster interprète de façon satisfaisante ce personnage ambigu et complexe. Le jeune Jesse Plemons dans le rôle de Floyd Landis, partagé entre l'amitié qu'il voudrait préserver et la vérité qu'il veut faire éclater (et qu'il dévoilera), est excellent aussi (pour l'anecdote, j'ai cru au départ qu'il s'agissait de Matt Damon... la ressemblance est, en fonction des angles, presque frappante). Christ O'Dowd dans le rôle de David Walsh, a un jeu très juste lui aussi.
Je suis d'accord toutefois avec certaines critiques qui auraient peut être trouvé Denis Menochet, habitué aux rôles plutôt sombres, plus approprié dans le rôle du Docteur Ferrari que dans celui de Johan Bruyneel.
La chronologie des événements, d'une façon globale, est fidèle. La mise en scène est bien pensée avec l'alternance intéressante d'images d'archives qui rappellent les grandes heures du Tour de France.
Toutefois, comme ceux qui ont suivi d'assez près l'affaire, je déplore que Stephen Frears, qui est un réalisateur que j'apprécie, ait occulté complètement le versant français.
On peut lire, en effet, dès le générique du film : « The Program. D’après le livre “Seven Deadly Sins : My pursuit of Lance Armstrong” de David Walsh ».
Certes David Walsh a bien poursuivi Lance Armstrong, mais il n’était pas seul.....
Pierre Ballester, lui, a été royalement oublié, alors que son partenariat avec David Walsh a duré 8 ans...
Dans le film, le seul héros journaliste est David Walsh, le chef des sports du Synday Times.... Une fois de plus nous avons droit à un certain "révisionnisme historique"...
D'ailleurs, à ce sujet, la polémique fut telle (et continue de l'être) que l'avocat de Pierre Ballester a demandé en septembre 2015 comment la production Studio Canal le dédommagerait du "grave préjudice subi", Pierre Ballester ayant avoué que "Ils peuvent scénariser comme ils l’entendent et faire de David le journaliste contre le reste du monde mais ils ne peuvent pas maquiller ou travestir la réalité des faits : nous étions deux, à 50-50, dans l’écriture comme dans les emmerdements »".
Nous avons donc dans ce film avant tout les coulisses d'un sport englué dans le dopage. Nous pouvons réaliser à quel point, s'il en était besoin, que tout le monde ne pouvait que savoir, que si tous fermaient honteusement les yeux, c'était par intérêt. Comme certains sont arrivés à ouvertement l'avouer "Pour avoir de l’argent, les équipes doivent avoir des résultats, sinon, les sponsors les lâchent.... Quand il faut des résultats et rapidement, il est nécessaire de transformer les coureurs en « machines de guerre"...
L'argent une fois de plus, s'il est un bon serviteur, est un mauvais maître.
"The program" est ce que j'appelle un bon film.
Assurément pas le meilleur peut être de Stephen Frears mais je le conseillerais malgré tout, même à ceux qui appréhenderaient de s'enquiquiner pendant 1h40.