Le biopic, c’est peu dire si je n’en suis pas très fan. Allez ! Osons-dire les choses jusqu’au bout : je n’aime pas les biopics. Ce n’est pas le concept en lui-même qui me dérange, c’est la manière dont on le traite quasi-systématiquement. D’un côté on sait qu’on aborde un personnage réel qui a vraiment existé, donc on s’efforce d’aborder les choses avec le plus d’exactitude possible. De l’autre, on se dit qu’on ne fait pas un documentaire non plus ; que les gens attendent de l’émotion, des rebondissements, une progression à l’histoire ; et que donc il va falloir céder à certains arrangements indispensables pour que la fiction tienne… Le résultat est souvent le même : une œuvre tiède qui en fin de compte ne satisfait ni vraiment la première exigence, ni vraiment la seconde… Et si j’explique tout cela, ce n’est bien évidemment pas un hasard. Même si c’est Stephan Frears qui est à la barre de ce « The Program », j’avoue qu’au final, je retombe à nouveau sur ce bilan. Alors après, je l’avoue, avec moi comme spectateur, le film ne partait pas gagnant. Déjà que je n’aime pas les biopics à la base, mais en plus il a fallu que ce film choisisse d’aborder une question sur laquelle je suis pas mal informé. Autant dire que, dès le départ, j’allais forcément passer le fil de cette intrigue à la moulinette. Or, ce qu’il en est vite ressorti, c’est que finalement, il n’y a pas grand-chose à dire sur les choix de Frears, parce que des choix... il n’y en a pas vraiment. Le film enchaine les évènements sans vraiment les interpréter, sans faire de choix dans ses angles d’attaque. Est-ce que ce qui l’intéresse c’est la mécanique du dopage ? C’est le coureur qui repousse les limites du corps ? C’est l’ambivalence d’une figure qui incarne à la fois l’espoir contre le cancer mais aussi la triche dans le sport ? Toutes ces questions sont certes abordées mais jamais vraiment traitées. Et le pire, c’est que je reste convaincu que ce résultat n’est que la triste conséquence de cette logique que j’ai évoqué plus haut. Parce qu’Armstrong est un personnage du réel ; un personnage encore vivant, Frears n’a pas trop osé l’interpréter. Alors du coup, il s’est caché derrière son petit doigt en reprenant les un à un les éléments du livre de David Walsh sur la question. Le problème, c’est qu’à mon sens, on ne peut pas prendre l’intrigue du point de vue d’Armstrong (comme c’est le cas dans le film) en cheminant selon l’enquête de Walsh, personnage d’ailleurs quasi-inexistant dans ce film. Non – et tant pis si on ne sait pas tout – si le film comptait aborder la question du point de vue d’Armstrong, alors il fallait s’attaquer à la logique d’Armstrong. Part on de son cancer, de son sauvetage miracle, et lui fait-on dire « maintenant je m’en fous, je vis et je fais les trucs à fond » ? Ou bien au contraire, est-ce qu’on insiste sur le fait qu’Armstrong n’est pas forcément doué en rien, si ce n’est au fait qu’il est un battant et qu’il sait ne se fixer aucune limite ? Explorer l’un de ces angles, cela aurait permis de questionner l’œuvre, de questionner le personnage et le système Armstrong. Au lieu de ça, je trouve qu’on a une œuvre propre certes, mais la plupart du temps distante, simplement illustrative et assez désincarnée. Un détail que je trouve incroyable mais qui pour moi en dit long, c’est qu’au final on a très peu de vélo dans cette histoire. Difficile de désincarner plus que ça un biopic sur un cycliste je trouve ! Bref, sans être totalement désagréable, ce « Program » passe pour moi pas mal à côté de son sujet, et je trouve ça juste vraiment dommage…