5,0
Publiée le 8 octobre 2014
Quel film !

Difficile d'en parler tant l'émotion reste prégnante plusieurs heures après la fin de la séance.

Tout au long de ce dernier long-métrage Xavier Dolan multiplient les innovations et réserve de belles surprises. Tant au niveau du format de l'image, qu'à l'intelligence d'un montage sans faille. La photographie et les couleurs sont d'une infinie beauté et ne manqueront pas de marquer les esprits.

Une bande son parfaite accompagne plusieurs scènes dont certaines resteront inoubliables. Entre autres celle, sur la musique de "Vivo per Lei" d'Andrea Bocelli. Une autre encore avec le "Wonderwall" d'Oasis. Xavier Dolan réussit à émouvoir sur une rengaine de Céline Dion. En ce qui me concerne le pari est fou, mais gagné.

Des dialogues au cordeau pour ce Mommy et tant d'amour qui déchire le cœur, sans négliger des moments d'humour bienvenus.

Ajouter à cette totale réussite, deux actrices au sommet de leur art. Anne Dorval tout simplement prodigieuse. Suzanne Clément remarquable.

Et bien entendu le tout jeune et bluffant Antoine-Olivier Pilon.

Ce film m'a bouleversé. Je reste impressionné par tant de perfections. La virtuosité de la mise en scène et l'audace du tout jeune Xavier Dolan, son "univers d'un monde qu'il voudrait plein d'espoir" le placent dans la cour des plus grands !

Ce film est un choc profond, et restera pour longtemps dans ma mémoire.
5,0
Publiée le 15 octobre 2014
Mommy... ça fait plus de 6 mois que l'on en entend parler, depuis sa diffusion remarquée à Cannes et son prix du Jury. Le tout alimenté par une promo assez impressionnante pour un film d'auteur. Avec toutes ces critiques dithyrambiques, il est logique d'avoir un peu peur en rentrant dans la salle, peur de ne pas voir le chef d’œuvre annoncé... Peur aussi que le film tiennent plus du côté arty des "Amours Imaginaires" que du côté personnel de "J'ai tué ma mère".
Que dire si ce n'est que j'ai été comblé au delà de mes attentes?
Déjà on peut saluer le courage d'un mec de 25 ans qui a décidé d'une part d'élargir son public tout en tournant le film avec un ratio d'image 1.1 ! C'est comme si le nouveau film de super-héros sortait en 2d (sic)... Et le mieux c'est que ça passe parfaitement, on n'est jamais gêné, bien on contraire, tant ce procédé permet de coller au personnage, de s'attarder sur chacun d'eux. C'est comme si on était au théâtre et que les projecteurs étaient braqués à tour de rôle sur chacun des personnages. En plus ce procédé rend encore plus fort les moments où le plan s'élargit (2 fois il me semble).
Mais là où le film touche, c'est dans l'émotion qu'il dégage. Pas une fois le film ne sonne faux, pas une fois je ne me suis dit que c'était trop, ou pas assez, ou que Dolan voulait me tirer des larmes. L'émotion vient juste naturellement, par le jeu des acteurs qui atteint la grâce, par la réalisation qui les colle, par la beauté des situations et leur violence.
Et c'est presque frustrant de voir un tel film car il atteint des moments tellement sublimes de beauté que l'on en redemande plus, que l'on aimerait que les 2h20 ne soit que ça. C'est évidemment impossible et ça renforce encore plus l'importance de ces moments, mais moi j'en veux encore plus. J'en veux tellement plus que les 2h20 sont passées toutes seules, que je me sentais tellement bien que j'aurai pu passer ma journée dans la salle. Ces moments de grâce culminent avec spoiler: la danse improvisée sur du Céline Dion (avec le cadrage qui recule progressivement, laissant les personnages entre eux, à partager leur bonheur, magnifique), les scènes ou Steve explose (le karaoké notamment), et lorsque l'on repasse à un format 16/9 pour la "ballade en voiture"
. D'ailleurs, pour cette dernière scène, on atteint un tel débordement d'émotions que je voulais que le film se termine là (lorsque le plan se referme). La coordination de la musique, le décalage de ton avec le reste du film, tout cela est tellement beau qu'il fallait s'arrêter là. Surtout que le film n'arrivera plus dans les 15min restantes à être aussi beau.
Le dernier point qui m'a vraiment marqué, même s'il y en a tellement d'autres dans le film, c'est la qualité d'écriture et d'interprétation des personnages. Chaque acteur se marie merveilleusement bien avec son personnage, de Anne Dorval en mère vulgaire mais aussi mère courage, qui essaye toujours de voir le bon côté de la vie et Antoine-Olivier Pilon qui inonde l'écran. Il est absolument parfait, il est incroyablement juste, on se demande presque s'il n'a pas la maladie lui aussi, et il est hyper touchant. C'est fou de voir à quel point Dolan arrive avec sa caméra à apporter de la tendresse envers ses personnages. Le personnage de Die n'est pas spécialement sympathique, celui de Steve non plus, mais le film est tellement bien filmé et écrit que je m'y suis retrouvé (alors que je n'ai rien à voir avec ces personnages), que j'avais envie de les aider, que je les plaignais, etc.
Dolan a eu le bon goût aussi de livrer un film moins personnel. Attention, on sent qu'il y a mis du sien, mais c'est beaucoup moins centré sur ses préoccupations que ses précédentes réalisations. Là il a voulu parler des mères au sens large, rendre hommage aux femmes, mais aussi aux enfants malades (avec une grande tendresse comme à l'égard de Steve). Pour cela, il a fait un film plus universel, et c'est tant mieux, c'est moins égoïste, et pourtant c'est loin d'être un film facile (vouloir émouvoir et réussir à le faire avec une sujet pareil...).
C'est pas sans défaut, mais c'est tellement beau !
5,0
Publiée le 12 octobre 2014
Comme toute promo insistante, et devant tant d'éloges, Xavier Dolan a fait débat, mais le talent fascine ou agace. Alors il a ses détracteurs et puis ceux qui crient au génie. Moi je suis juste content que le 7e art se renouvelle, et on ne peut pas dire que Dolan n'a pas de talent, au contraire ! C'est le premier film que je découvre parmi ses six long-métrages, et je n'ai pas été déçu.. Je voudrais d'abord parler du format dans lequel est tourné "Mommy", ce format carré (plus précisément un format carré 1:1) emprunté de la photographie, qui apporte un renouveau au cinéma et apporte vraiment un plus ! C'est comme une fenêtre intime dans laquelle on se plonge, tel un voyeur passionné par une histoire qui le dépasse, une histoire qui nous rappel le charme des Polaroids, des scènes de vie encadrées par des barres noires qui me faisaient penser à des rideaux de théâtre, car pour moi les protagonistes étaient aussi vivants que des comédiens jouant en live sur une scène de théâtre.

Pour résumer toutes ces métaphores, le format carré 1:1 rend le film plus vivant, surtout qu'il y a pas mal de transition fondu en images et en son ! Excellente idée en tout cas. On ne dirait peut être pas comme ça, mais le film est drôle ! Finement drôle pour être précis, c'est de l'humour intime. Il y a une vraie connexion entre les personnages, et c'est ce qui amplifie les moments "humoristiques", c'est pas lourdingue et gratuit comme dans énormément de films, ça fait naturel, pas calculé, et je remercie Dolan pour ne pas nous avoir pris pour des cons. Les insultes en québécois (mi québécois, mi anglais) c'est quand même quelque chose ! Tabernacle (ou Tabarnak ?) ! La mise en scène ? Elle est excellente ! Encore une fois on pourra dire ce que l'on veut de Dolan, mais pas qu'il n'ai pas exceptionnellement doué pour le peu de films qu'il a réalisé. Je dis pour le peu de films pour ne pas dire "pour son âge" comme on entend partout, car je n'aime pas cette phrase "Il est brillant pour son âge", moi à cette phrase je réplique par une citation de Corneille qui est un peu mon mantra : "Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années".

C'est une montée "d'adrénaline" crescendo que nous sert Dolan, la première partie est plus centrée sur l'humour et l'installation de cette nouvelle relation entre une mère seule et routinière, et son fils sorti d'un centre spécialisé. Une relation explosive et attendrissante !

La deuxième partie inclue un autre personnage, en l'occurrence la voisine Kyla, qui viendra comme un troisième membre titiller le duo soudé. Une deuxième partie envoûtante d'ailleurs. Une histoire bouleversante, sur trois personnages magnifiques. Ces personnages sont sublimés dans des scènes d'une réalité criante, comme la scène du Karaoké, sans spoiler, j'en ai eu des frissons, un embouteillage de sentiments, on ressent des émotions différentes à chaque secondes, des gros plans, des effets sonores en bruits de fond et tant autres procédés de réalisations en sont à l'origine. C'est dure de détailler mon ressenti sans dévoiler trop d'informations, car cette scène est majeure pour moi.

Une autre scène dans un autre style cette fois, un moment ou les 3 personnages ce lâchent sur une compil de musique, emporté par une danse enjouée de Steve. L'association de la musique et du plan d'ensemble se marient merveilleusement bien !

Il y a de nombreuses autres scènes sur lesquelles on peut s'attarder.. Mais celles-ci je vous laisserait les découvrir !
En parlant de musique la B.O est juste formidable, c'est rare de tilter sur la bo d'un film, ici Dolan nous envoi du Céline Dion, Lana Del Rey, Oasis etc. Et savoir caler une musique sur une scène ça parait simple comme ça, mais c'est un travail d'orfèvre que X.D a réalisé, le mariage des deux est soigné pour notre plus grand plaisir. Quoi de mieux pour finir que de parler des acteurs ? Le casting est parfait, je ne connaissais aucun des comédiens (bien qu'ayant déjà vu le jeune Antoine-Olivier Pilon dans un clip d'Indochine, "College boy", réalisé par Xavier Dola d'ailleurs), et je suis heureux de les connaître ! Celui qui m'a le plus bluffé c'est Antoine-Olivier Pilon dans le rôle de l'ado victime de TDAH, Woaah ! Anne Dorval est toute aussi bonne, et vu que je n'avais jamais entendu parlé d'elle j'ai regardé sa filmographie. Elle n'a pas une filmo énorme, et est plus connue pour ses rôles dans des mini-séries québécoises, donc normal qu'elle ne soit pas connue, surtout en France, mais pourquoi, vu son talent, ne lui a t-on pas proposée des rôles intéressants avant !? Même constat pour Suzanne Clément, excepté ses rôles dans les films de Dolan quoi. Juste un petit mot pour la toute fin du film ? La meilleure fin de l'année (j'ai pas vu tout les films de cette année 2014, mais quand même !), incontestablement.

En bref, c'est un bijou. Pour une fois qu'une grosse promo est justifiée, il ne faut pas réfléchir. Dolan maîtrise son sujet, les acteurs (!), la B.O (!), la mise en scène (!), tout ça transcende l'histoire de nos trois protagonistes, des personnages plus humains que jamais.

Mommy, où la petite fenêtre d'un film culte.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 8 novembre 2014
Film bouleversant et grave qui traduit d'une manière efficace et touchante une danse collé-serré avec la folie et les pulsions. Le plus difficile a croire est le réalisateur, Xavier Nolan, n'ait que 25 ans. Autant de maturité et de profondeur à cet âge dénote incontestablement une forme de génie. Chapeau bas et un grand merci !
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 11 octobre 2014
Premier film de Xavier Dolan que je vais voir (après avoir lu les critiques plus que positives...).

Mommy est l'histoire d'une veuve (depuis trois ans) qui n'a pas été épargnée par la vie : un fils avec troubles du comportement et une difficulté à trouver un travail qui lui permettrait de vivre décemment. Ils vont lier connaissance avec une voisine en congé sabbatique (auparavant enseignante). Ces trois écorchés de la vie vont s'épauler, s'entraider,....

Merci pour ce tourbillon d'émotions de plus de deux heures : effroi, tristesse, espoir, incompréhension, joie, rire, envie de danser sur du Céline Dion dans la cuisine ou faire du vélo hors des pistes cyclables ... Bravo pour le changement de format d'écran à un moment où l'espoir ouvre tout le champ des possibles.

Je le conseille donc à mon tour. Il fait partie de ces films auxquels vous pensez encore plusieurs jours après tellement vous êtes interpelée....
5,0
Publiée le 16 octobre 2014
C'est bien dommage pour cette noble page mais il est impossible d'écrire une critique de Mommy. On peut juste, et encore ce n'est pas chose aisée, rédiger un témoignage. "Ce jour là, qui avait débuté comme les autres de la semaine, j'étais dans la salle. J'ai affronté avec vigueur l'immense queue et j'ai atteint la salle, in extremis, enfin." C'est bien plus grand que vingt-quatre pauvres images qui défilent l'une après l'autre. C'est une expérience, un événement, un électrochoc d'une violence rare. J'entends dans l'auditoire : « La gifle, knock-out », certains nous gratifient de quelques réflexions peu intéressantes, les autres restent bouche-bée. Ce qui résulte de deux heures quatorze devant la dernière toile de Xavier Dolan -épargnons les classiques "petit prodige du cinéma québécois" qu'on nous ressort à chaque talk-show- c'est un profond bouleversement, inédit, étrange et unique sensation. Plus une seconde ne se passe sans qu'une scène de cette banlieue de Montréal, Longueuil pour être précis, n'occupe mon esprit. C'est déroutant...

Suite de l'analyse sur notre blog.

Bien à vous.

Pours Cinéphilie
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 29 avril 2015
Mommy, le nouveau film de Xavier Dolan, fait sacrément parler de lui, et je me devais donc de le voir. C'est enfin fait, et je peux le dire, c'est presque parfait. J'ai commencé à le voir en me disant que je regardais un film sympa mais pas extraordinaire, et j'en suis ressorti les étoiles pleins les yeux. Parce que je crie bravo : bravo à Xavier Dolan de m'avoir captivé avec un film qui ne me concerne pas trop et qui pourrait paraître simple quand on lit le scénario. D'abord, le fait d'utiliser le cadrage en 1:1 est génial et c'est parfaitement maîtrisé : Dolan doit filmer ses dialogues en déplaçant sa caméra d'un visage à l'autre. Du coup on ressent de l'enfermement, un claustrophobie dont il ne nous fait sortir qu'à quelques moments où le format s'étale pour laisser entrevoir une grande liberté. C'est bien fait et ça passe parfaitement. L'histoire est belle sans faire de la surenchère et émouvante sans faire du larmoyant. C'est juste simple mais profond. Ensuite, les personnages sont vraiment bien écrits : on sent le boulot derrière et l'affection du réalisateur pour eux, ce qui fait qu'on a aucun mal à s'y attacher malgré leurs défauts ou leurs différences. Et les acteurs, comme ils ne sont pas très connus, j'ai oublié qu'ils étaient des acteurs et en face de moi il ne restait que leur personnage. Je dis bravo, non seulement à Anne Dorval, Antoine-Olivier Pilon et Suzanne Clément, mais là aussi encore à Dolan qui a su parfaitement les diriger. Ensuite la musique est bien choisie et donne une dimension plus belle aux scènes.
Un grand bravo, un film qui ne paye pas de mine mais qui en a sous le capot. À voir sans hésiter !
5,0
Publiée le 13 octobre 2014
MAGNIFIQUE. Voila le mot qui résume le film. Mommy est une histoire terriblement émouvante, entre un fils violent et une mère qui se ménage autant qu'elle peut pour subvenir à leurs besoins, mais il règne un véritable lien d'amour entre ces deux personnes. C'est un mélange de dureté, de violence, de tristesse, de peine, mais aussi de compassion, de rire, de joie, d'amitié et d'espoir.
Les cadrages sont magnifiques, puisque le film est visualisé en 4/3. L'écran s'élargit de rares fois, le temps d'une chanson, un moment de grande émotion. Ce sont ces petits détails qui accentuent la beauté de ce film.
Les acteurs sont géniaux, que dire de plus ? C'est le premier film de Xavier Dolan que je vois, et je pense m'y intéresser de plus près, un jeune prodige qui a le mérite de se faire un vrai nom dans l'art du cinéma. Courrez-y et vivez Mommy.
5,0
Publiée le 3 novembre 2014
Une vraie claque. La découverte d'un grand cinéaste n'est pas si fréquente qu'elle ne nous laisse pas heureux et bouleversé à la fin d'un tel film. Aussi grand qu'un Tarentino ou un Malick, Xavier Dolan innove dans la forme, le montage, trouve les plans les plus intelligents qu'on ait vus depuis longtemps. La BOF et la couleur de l'image - elle change selon le tempo et les humeurs des protagonistes - illustrent parfaitement cette histoire d'adolescent canadien perturbé, porté par une mère fun et une voisine étrange. Ne pas manquer une scène d'anthologie onirique (l'écran s'agrandit!) qui explore le rêve d'une mère courage avant le...découragement final. Courez voir ce film, c'est un ordre!
5,0
Publiée le 9 octobre 2014
Pour une fois, le petit génie du Québec mets tout le monde d'accord avec ce film abouti, riche en émotion, qui se termine sur une dernière scène qui réussit l'exploit de mêler espoir et pessimisme. Un grand film assurément.
5,0
Publiée le 8 octobre 2014
Cela faisait très longtemps que je n'avais pas vu une œuvre cinématographique si bien faite. J'évacue tout de suite le tout petit grain de sable que je trouvé dans ce rouage qui fonctionne si bien dans ce chef d'œuvre, quelques petits longueurs (5 à 10 minutes dont on aurait pu, plus ou moins, s'en passer. Tout le reste frôle la perfection, une maîtrise de la réalisation inégalable, le trio d'acteurs protagoniste hors du commun, les dialogues d'une fraîcheur, une actualité et d'une efficacité imparables.... Les superlatifs me manquent. Déjà l'histoire: les relations conflictuelles entre une mère et son fils adolescent, atteint du syndrome d'hypéractivité, violent et tendre à la fois. Elle est intense, sensible, subtil. Un sujet grave, mais traité avec humour et finesse. Et puis il y a la forme. Le cinéaste s'appuie ici de quelques artifices novateurs, comme le format de l'écran, de largeur variable en fonction de la narration. Éblouissant, époustouflant, émouvant, intense, sensible.
5,0
Publiée le 31 mars 2015
"Le Cinéma, c'est la vie", proclamait un slogan ringard à l'époque où l'on se préoccupait de la désaffection des spectateurs envers le 7ème Art. Nous, on le savait bien, sans qu'on nous l'assène dans une pub... Sauf que, honnêtement, depuis une paire de décennies, combien de fois avons-nous ressenti devant un film cette énergie, cette férocité, ce flamboiement de la vie ? (Pialat, nous manque, et infiniment...). Alors, on peut toujours trouver à redire à "Mommy", sur le plan du fond (des personnages excessifs servis en stéréotypes ? Un scénario prévisible ? Je l'ai lu ça et là...) comme de la forme (Facile d'enfermer le film dans un cadre carré pour traduire l'étouffement, et puis de nous faire respirer en 16/9 sur de belles scènes clippesques : nombreux sont les gens de bon goût qui ont tordu le nez sur les toutes petites audaces de Dolan !). Mais l'important, bien sûr, est ailleurs : d'abord dans cette allégresse intense qui nous saisit, face à des de personnages vivant intensément leurs traumas, leurs souffrances aussi, leurs bonheurs surtout, dans une empathie totale d'autant plus gratifiante que, justement, Dolan n'use et n'abuse d'aucun outil habituel de la syntaxe cinématographique, et se contente de filmer ses acteurs - tous trois parfaits, prodigieux même parfois - avec la juste distance, le juste regard. Avec ce que l'on ne peut que qualifier de totale honnêteté. Ensuite, et c'est là que "Mommy" transcende son origine de geste expiatoire de l'auteur ("Maman, tout est de ma faute, je t'aime", pour faire vite), dans la mise en scène parfaite des ambiguïtés : film parfois accusé de surjouer les affects, "Mommy" s'élève lorsqu'il nous montre l'entre-deux, les difficultés du langage, le non-dit, et atteint alors, comme dans son avant-dernière scène entre Die et Kyla, des hauteurs exceptionnelles. Oui, le cinéma, c'est la vie, mais, grâce à Dolan, c'est aussi, à nouveau, enfin, la jeunesse.
5,0
Publiée le 11 octobre 2014
Que dire qui n'a pas déjà été dit sur l'ébouriffant Mommy de Xavier Dolan. Que les trois acteurs principaux sont époustouflants. Il faut d'ailleurs citer la prestation dingue d'Antoine-Olivier Pinon, son regard bleu enfantin et fragile derrière lequel se cache un véritable monstre. Que le format de l'image, carré, nous empêche littéralement de sortir du cadre, et nous écrase sous la violence des mots. Ce même format qui resserre l'image sur l'essentiel, à savoir les blessures cachées mais omniprésentes. On pense notamment au rôle de la voisine interprété par Suzanne Clément, énigmatique et fascinante, marquée par quelque chose que l'on ignore. Un autre des points forts du film c'est les choix musicaux du jeune réalisateur. Très générationnels, marqués années 90, de Céline Dion à Andrea Bocelli, en passant par Counting Crows, Eiffel 65 et Dido, ces morceaux choisis - étonnants il faut le dire - sont souvent des moments de grâce. Ils offrent une parenthèse lumineuse dans un film marqué par l'âpreté et l'excès des relations entre la mère et le fils. Quelques séquences sont inoubliables : pour n'en citer qu'une, celle où la maman, au volant de sa voiture, rêve d'une autre voie pour son fils - alors qu'elle s'apprête à commettre le pire - est d'une force animale. Œuvre pleine d'émotions brutes, mais jamais larmoyante, Xavier Dolan trouve, avec Mommy, l'équilibre parfait, et nous scotche souvent au fond de notre fauteuil tant il y a de l'intensité qui se dégage de ses dialogues et de ses images. Le final est à l'image du film, choquant et bouleversant, tout en laissant place à l'espoir et à la lumière...
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 10 octobre 2014
Bouleversée après la fin de ce film magnifique. Que dire? ce film est la vraie Palme d'Or. Aussi bien au point de vue formel qu'au point de vue narratif, tout est parfait. Xavier Dolan ne fait que se bonifier de film en film. Il fait quasiment tout, des sous-titres dans deux langues à la réalisation spoiler: , en passant par le montage et l'actorat
. De plus, il réalise en pellicule 35mm, ce qui apporte sûrement encore plus à la sensibilité palpable de "Mommy". spoiler: La "fin alternative" du film est vraiment filmée de façon splendide, les changements de format d'écran sont merveilleux,
la musique si bien choisie et synchronisée, les acteurs (toujours les mêmes depuis le début, ce qui fait fortement plaisir!) et leur direction sont brillants, Anne Dorval solaire. A ne manquer sous AUCUN PRETEXTE!
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 18 octobre 2014
Caline de bine ! Mommy ça a d'l'allure !

Bon, des critiques dythirambiques, un film d'auteur intello québécois, je frétillais d'impatience de le voir pour le pourrir dans une critique négative (parce que c'est plus rigolo à écrire) ; I have never been so wrong...

Après une courte intro texte pour planter le contexte social d'un Québec fictif, le film commence.

Dès les premières minutes, 2 détails d'importance sont à noter : 1) l'étrange format 1:1 de l'image, 2) les dialogues en argot québécois, heureusement sous titrés. Autant le deuxième point, qui peut faire sourire au début (tabarnacle !), est complètement justifié par l'histoire et effacé par le très bon jeu d'acteur; mais le format carré c'est carrément désagréable…
Au début on est vraiment dérangé par cette image qui nous rappelle les pires vidéos verticales de YouTube faites par des idiots incapables de tenir leur téléphone à l'horizontale, on est frustré de ne pas voir la moitié de l'image. Les plans sont cependant merveilleusement bien composés malgré ce gros handicap et réussit au bout de quelques minutes l'exploit de nous faire admettre l'inadmissible lorgnette par laquelle nous voyons cette histoire.
Et puis intervient la scène du longboard... BOUM ! Changement de ratio ! LIBERTE ! Twist cinématographique qui met en lumière le génie du réalisateur, partie émergée de l'iceberg de la maîtrise technique et métaphorique du film, ce premier climax donne tout son sens en nous envoyant une énorme baffe.
Frissonnant d'émotion, tout m'a d'un coup apparu cristallin : Ce ratio 1:1 c'est l'essentiel, le format du portrait, le portrait de ces personnages qu’on aurait loupé sur un trop vaste écran rempli de superflu, et qui sont paradoxalement eux même prisonniers dans ce carré trop petit pour s'exprimer et vivre normalement. Le carré c'est la claustrophobie du spectateur frustré de ne pas tout voir et qui partage le poids des épreuves de la vie auxquelles sont confrontés les personnages. C'est aussi un trou de serrure par lequel on découvre leurs histoires, jamais entièrement dévoilées, toujours à moitié cachées, comme la moitié de l'écran. C'est enfin le format de la pochette d'album, des images toujours esthétiques censées illustrer la musique.

Car la musique occupe une grande place et sert véritablement l'histoire avec justesse à travers les paroles (ce qui est rare). On citera par exemple White Flag de Dido ou surtout On Ne Change Pas de Céline Dion dans la scène de la cuisine, et enfin dans le bar Vivo Per Lei d'Andrea Bocelli qui aurait mérité des sous titres pour les non italophones pour saisir les phrases clés "Je vis pour elle et ce n'est pas un fardeau". Egalement à noter la très belle pièce d'instruments à cordes qui intervient lors du 2nd changement de ratio du film (qui marque le dernier chapitre), qui accompagne merveilleusement bien des scènes en travelling circulaires et à longue focale très puissantes.

Les acteurs sont époustouflants de sincérité, de talent, de nuance et... Enfin ils sont parfaits quoi ! La « Mommy", campée par Anne Dorval, pas élégante pour 2 sous avec son argot et son look dégeu arrive à incarner cette prestance et cet amour inexplicable des Mamans. Le jeune AO Pilon est énorme dans son rôle de pauvre gamin aux tendances psycho et œdipiennes. Enfin un gros pouce aussi à Suzanne Clément dans son second rôle intrigant.

Outre le jeu avec le ratio, le reste de la réalisation est aux petits oignons avec des plans très esthétiques, une grande place donnée aux visages, le déplacement des acteurs est recherché, des mouvements de caméra et de mise au point intéressants et qui viennent toujours servir l'histoire. La scène de la pluie sur la vitre de voiture vers la fin est particulièrement bien pour ça.

Bref avec Mommy, Xavier Dolan (que je découvre) nous sert une perle toujours dans son huître et qu'il faut savoir ouvrir pour admirer le bijou. Prises séparément, ses qualités ne sont pas inédites. Le changement de ratio par exemple, je l’ai déjà vu dans le Magicien d’Oz; mais jamais je n’ai vu autant de justesse dans leur utilisation. Toutes les techniques du cinéma (image, musique, jeu) servent ici l’histoire de façon très complète et cohérente, et ÇA c’est signe d’un bon réalisateur. Et puis le réalisateur qui donne la leçon : il a 25 ans quoi, tranquille...
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