3,0
Publiée le 12 octobre 2014
"Mommy" est donc le deuxième film où Xavier Dolan aborde le thème passionnant des difficultés de relation mère/fils...
Sans nul doute possible, les acteurs sont littéralement époustouflants en jouant merveilleusement leur rôle respectif, à commencer par la mère, Anne Dorval, extraordinaire de sincérité, lumineuse et donc terriblement dans la peau de son personnage, tandis que son fils, hyperactif et vraie bombe à retardement, interprété par Antoine-Olivier Pilon, crève l'écran par sa présence d'une violence inouïe et ce dans tous les sens du terme !
Ce duo est de plus accompagné d'un troisième numéro, Suzanne Clément en l'occurrence la voisine bien plus en demi-mesure mais qui apporte aux deux autres un semblant d'équilibre malgre son traumatisme personnel qui lui cause un trouble du langage...
Et donc c'est cette relation, cet apprentissage de la vie ensemble après avoir été exclu de son établissement, que le fils va découvrir avec sa mère... Les rapports avec elle vont être mêlés de la plus grande cruauté verbale et physique à une certaine forme de tendresse et d'amour indéniable !
Avec ce thème fort et ces acteurs qui le sont autant, on s'attend donc à un film qui secoue, qui nous emporte, qui nous atteint au plus profond...
Et finalement, malgré des scènes belles, dures et réussies, d'une intensité dramatique incroyable, ce film passe, à mon avis à côté du but, suite à un délayage "musico-esthético-poétique" qui fait trop souvent la part belle à des images, à des ambiances très tendance, très mode souvent, curieusement en grand décalage avec la dureté de cette histoire qui de ce fait, finit par souvent sonner faux ! Un comble...
On pourrait peut-être penser que ce parti-pris esthétique est une bonne idée, mais personnellement trop d'effets tuent le film comme si à vouloir trop en faire, Xavier Dolan affaiblissait son intention, sa démonstration et donc au final sa réalisation !
J'aurais davantage vu cette histoire sous un angle plus incisif, plus percutant sous l'œil d'un véritable microscope pour entrer de plein fouet dans la complexité de cette relation, plutôt que de la traiter à travers le prisme d'un kaléidoscope plein de trop belles couleurs et de jolies formes où la musique envahissante vient adoucir et ainsi fausser une vraie réalité, peut-être trop âpre, trop dérangeante pour nous la livrer telle quelle ?
Pourquoi donc, faut-il toujours nous préserver et nous emballer avec un bel emballage, un cellophane brillant et clinquant, de plus en plus souvent des films qui avaient tout pour eux... ?
Un film impressionnant dont certaines scènes restent littéralement bouleversantes et à fleur de peau, mais dont l'ensemble souffre d'une mise en forme esthétisante inutile en nuisant ainsi finalement à son propos.
3,0
Publiée le 10 octobre 2014
À 25 ans, Xavier Dolan semble déjà tout connaître des ficelles dramatiques du cinéma. Passionné, malin, un rien manipulateur d'émotions, il a fait de son cinquième long-métrage un mélodrame fougueux, vibrant, intense. Homme-orchestre, il ne joue certes pas dans son film, cette fois-ci, mais son nom figure au générique pour la réalisation, le scénario, le montage, les costumes et même les sous-titres (français et anglais) ! On reconnaît bien volontiers son talent. Mais on peut aussi s'agacer de son côté "petit génie qui en fait trop". Il en fait trop notamment au début avec une entrée en matière exacerbée en termes d'hystérie, de vulgarité et de violence, où il surexploite un argot québécois très cru et débité façon mitraillette. Il en fait un peu trop aussi, comme d'habitude, en termes stylistiques. Ce n'est pas le roi de l'épure... Parfois, sa virtuosité tourne à l'emphase chichiteuse avec ralentis et autres afféteries. Parfois elle touche juste. Et là, ça peut devenir très inspiré et puissant. Sa plus belle inspiration tient certainement dans l'utilisation d'un format 1:1, très carré, très serré sur des personnages qui étouffent dans le cadre comme dans leur vie ; format qui s'élargit quand ces personnages respirent plus librement, quand ça va mieux pour eux dans la réalité ou en rêve. Xavier Dolan sait également utiliser quelques tubes populaires (de Céline Dion, Dido ou Andrea Bocelli), qui collent socialement aux personnages, pour soutenir ou booster son récit. Enfin, c'est un bon directeur d'acteurs ; il permet ici à son trio d'acteurs principaux de briller (mention spéciale aux actrices Anne Dorval et Suzanne Clément, formidables). Pour le reste, c'est-à-dire le fond de l'histoire, on marche plus ou moins selon sa sensibilité à ce type de mélodrame névrotique, qui accentue les thématiques de l'attachement oedipien, de l'autodestruction... On gardera en tout cas une image forte, à la fin : celle du personnage interprété par Anne Dorval, "Mommy", qui refuse de pleurer avec une rage aussi impressionnante qu'émouvante.
3,0
Publiée le 11 mars 2015
Au terme de cette course folle, qui l'a mené à Cannes (quatre fois, où il a remporté un Prix du Jury) mais aussi élu césar du meilleur film étranger, le jeune réalisateur et acteur québécois propose un film abouti et audacieux. Il est vrai que Mommy ne peut pas plaire à tout le monde, pourtant ce long-métrage arrive à nous émouvoir. Cela raconte l'histoire d'un jeune nommé Steve qui est un être hyperactif et violent, va emménager avec sa mère Diane dans une petite maison de banlieue. Et, l'arrivé d'une voisine, Kyla va apaisée la relation mère/fils. Tous les trois vont créer et développer une complicité. Mais le bonheur ne dure qu'un temps... Ce qui saute bien sûr aux yeux en premier lieu, c'est la performance des comédiens, avec une lumière parfois féerique et parfois réaliste. Dolan filme les personnages avec tendresse, les rendant plus près du spectateur. Des dialogues admirablement bien écrits et le film a du charme grâce à son accent québécois. La musique, brillamment intégrée au récit ajoute une intensité et une beauté à plusieurs scènes. Xavier Dolan accumule des plans serrés assez troublants. Non seulement cela permet d'examiner d'au plus près le jeu des comédiens, mais cela crée aussi une tension lorsque les plans plus larges viennent d'ajouter en donnant une certaine rareté. Néanmoins, des longueurs sont présentes. Et puis le dénouement, spoiler: encore une brillante manipulation, un faux happy end tragique, qui nous aura fait vivre toutes les émotions.
On peut dire que Mommy est une oeuvre certes intelligente et poétique mais qui n'est pas pour autant unique dans le fond. A découvrir une fois dans sa vie.
3,0
Publiée le 28 octobre 2014
Dur, très dur.
Violent, très violent.
Agité, très agité.
Et pour autant l'émotion n'est pas passée.
3,0
Publiée le 20 octobre 2014
Une esthétisation systématique et lourde, manquant d’authenticité, que Dolan sur-utilise à chacun de ses films, mais qui présente ici néanmoins l’intérêt d’être en écho au fonctionnement maternel autour duquel « ça tourne !», provoquant alternativement et successivement l’attirance ou le rejet. Une vulgarité pudique, qui veut tout montrer, paradoxe de celle qui a comme des choses à se reprocher, incapable de garder le secret comme pour continuer à mieux le cacher. « Mais si, dis le moi, sinon je vais pas réussir à m’endormir ce soir ». Elle finie toujours par « lâcher le morceau », lui permettant ainsi de continuer à protéger l’essentiel.

Une jolie histoire d’un trio marginal qu’on voudrait ne pas détester, qui s’aménage un espace ou il se passe (enfin!) des choses mais ou rien ne semble suffire … placements, déménagements… tout bouge mais rien ne change … fuites ou éloignements, retours en arrière ou déplacements ? Dolan me semble parvenir à nous faire toucher cette incertitude systématique, qui remet toujours tout en question, pour chacun des trois. Entrecroisement de parcours existentiels hors normes, en pleine reconstruction normative et narrative, c’est à dire en cours de guérison … entre déséquilibre stable et équilibre instable, manquant à chaque instant de faire basculer sa situation et celle de l’autre. Ils ne parviennent pas à positionner le curseur de leurs relations, de la même manière qu’elle ne sait pas aller à la banque autrement qu’en tailleur rose, récupérer un gros tas de petites coupures.

Dolan ne semble pas mieux parvenir à positionner le curseur émotionnel, entrant en résonance avec ses personnages mais limitant également son oeuvre. Dommage qu’il ne sache pas lui-même changer de registre pour nous montrer la finesse de l’évolution de « Steve et son trouble », effectivement non réductible a une réponse chimique. A ce titre, les discours du social et du psychiatrique apparaissent grossiers, tout en dénonçant une certaine réalité quand même, et un certain vécu aussi. L’espérance est à trouver ailleurs spoiler: , et pourtant c'est par là que la mère en trouve momentanément
!
Peut être aurait-il pu utiliser le personnage de la voisine, mais dont la difficulté est justement de ne pas pouvoir dire, d’être là à la fois indispensable et simple faire-valoir dont on abuse voire qu’on agresse, présente dans les rêveries de la mère qui semble pour autant incapable de lui donner sa juste place dans la réalité. Mais c’est bien cette complexité du positionnement qui est racontée ici, et merci de le faire.

Effectivement la bande son, les cadrages et les nombreux ralentis sont franchement gavants. Mais d’une part ça raconte plus notre difficulté à accepter qu’il faut trouver l’espérance en nous et ne pas l’attendre du film, qu’une faiblesse du film. D’autre part c’est une mise en abime entre le contenu et la forme de ce Mommy, et avec l’ensemble de l’oeuvre de Xavier Dolan. On peut espérer pour lui qu’il parvienne dans la suite de sa carrière à changer de registres, à dialoguer.
3,0
Publiée le 14 août 2020
A O Pilon crève l'écran en ado tour à tour tendre et incontrôlable.
Une force émotionnelle traverse le film et la violence qui s'en dégage est fort bien ressentie. La dernière demie heure tire un peu trop sur la corde mélo qui du coup m'a moins touché.
Cependant des scènes très fortes ponctuent le film et il s'en dégage un amour qui n'est plus si fréquent au cinéma.
3,5
Publiée le 22 octobre 2014
Porté par des acteurs exceptionnels – Antoine-Olivier Pilon dans le rôle Steve, l'ado instable, en tête – le film de Xavier Dolan alterne des moments d'une grande drôlerie et des passages plus dramatiques, même si le propos dans son ensemble est franchement sombre. Le jeune prodige québecois rend ici un véritable hommage aux mères et à la force intrinsèque des femmes, capables de se battre contre vents et marées malgré l'accumulation de difficultés. Son choix d'un format d'image en hauteur entraîne un effet oppressant sur le spectateur ; dans les trop rares moments de bonheur, celui-ci s'élargit pour passer en 16/9. Une belle astuce de mise en scène - même si inlassablement le cadre finit par se resserrer, les instants de joie n'étant ici pas destinés à durer. A cause peut-être d'une dernière partie trop longue, un peu brouillonne, le spectateur reste cependant sur sa faim, heureux d'avoir vu un très bon film, mais un peu déçu de ne pas avoir vu le chef d'œuvre annoncé depuis des mois.
3,0
Publiée le 26 octobre 2014
Un film fort, qui ne laisse pas indifférent mais que personnellement je n'ai pas aimé. Trop long, trop de musiques, pas vraiment subtil. Un film de cinéphiles, un film de festival. Néanmoins les acteurs valent la peine.
3,0
Publiée le 26 octobre 2014
je pense que la démarche de dolan est sincère mais l accent québequois, le cadrage très désagréable, les morceaux musicaux lourdingues et la fin d un romantisme un peu niais comme si dolan n avait pas quitté l adolescence plombent le film.... cela dit je mets 3 etoiles c1r c est certaknement mieux que les palmes cannoises des différentes années.
3,0
Publiée le 14 avril 2017
Belle interprétation du jeune acteur dans un film qui frôle une hystérie émotionnelle soigneusement mise en scène.
3,5
Publiée le 21 mars 2015
Beaucoup d'énormes qualités dans ce film, un sujet fort traité comme il se doit et sans conformisme. Des acteurs extraordinaires, mention à Kyla pour moi. A voir en VOST pour s'ouvrir encore plus la tête.
3,0
Publiée le 17 novembre 2014
Un film esthétiquement beau, qui nous raconte une histoire qui pourrait s'avérer vraie. Et qui est joué par des personnages qui ont chacun leur petit truc (le duo mère / fille restent les personnages principaux, avec on peut rajouter ; la voisine). On sent quand même que le réalisateur tente de nous émouvoir en n'en faisant parfois un peu trop (ou alors c'est fait, mais maladroitement). Mais même si cela peut sembler tiré un peu par les cheveux, c'est une histoire ou l'on avance peu à peu. En même que les personnages et les rebondissements. Il est indéniable que cela reste bon film et que le fil conducteur reste tenu du début à la fin (même si quelques longueures se montre par moment) et du coup. Même si la durée est de plus de 2h, cela passe plutôt bien. D'autant que l'on ait assez vite dans l'empathie à l'égard des personnages. Dommage que parfois, le réalisateur est voulu en faire un peu trop. Pas spécialement fan, de ce genre de film ; il n'en demeure pas moins un bon film qui mérite les éloges et les critiques qui lui ont été faite.
3,5
Publiée le 22 janvier 2016
Passée l'adaptation à l'accent québecois, très difficile d'autant que les personnages hurlent assez souvent, Mommy est un film qui vous prend aux tripes avec des idées de mise en scène très réussies et une interprétation qui vous scie littéralement les pattes! Encensé par la critique, le film déçoit quelque peu du côté scénaristique même si ça reste un très bon cru du cinéma canadien. Il faut vraiment le visionner sans hésitation, ne serait-ce que pour s'en faire sa propre idée.
3,5
Publiée le 10 août 2015
Belle surprise pour ce film canadien rempli d'émotions fortes. La complicité et l'amour liant cette mère quelque peu marginalisée et son fils sorti tout droit d'une maison de correction fermée, sont stupéfiant. Les acteurs canadiens à l'accent déroutant nous remplissent de joie à travers ces scènes ralenties bondées de bonheur entre cette famille mono parentale et cette étrange et si sympathique voisine. Pas d'images choquante ou de scènes particulièrement marquante, juste beaucoup d'amour et d'émotions. Un film à voir. L'acteur qui joue le jeune homme a été très bien choisi , charismatique et dérangeant, il incarne parfaitement l'image de l'ado difficile et ambigu.
3,5
Publiée le 15 octobre 2014
"Mommy" est déjà le cinquième film du jeune prodige québécois Xavier Dolan. On n'arrête pas de le répéter, mais à 25 ans il s'est déjà taillé une réputation dans le monde du cinéma. Avec "Mommy", il continue d'exploiter des thèmes qui lui tiennent particulièrement à cœur, à savoir : la figure maternelle, et la relation mère-fils. Et le long-métrage qu'il signe ici est touchant de simplicité comme de maturité : une mère monoparentale qui tente de joindre les deux bouts pour les faire vivre convenablement tous les deux avec un fils atteint du syndrome de TDAH (hyperactivité chez l'adulte) qui devient vite ingérable en cas de crise. Cela donne lieu à des scènes de violence mais aussi de relation fusionnelle entre deux êtres qui s'aiment profondément, bien aidés il est vrai dans leurs retrouvailles par une voisine "en transit" dénommée Kyla, qui semble renaître à leur contact. Comme on s'en doute, l'histoire ne se termine pas spoiler: sur un happy end
, et le pessimisme de Dolan, magnifié par l'excellente prestation du trio d'acteurs principaux et une mise en scène inspirée, transpire à travers tout le film, notamment dans la scène onirique où spoiler: Diane imagine un avenir radieux pour Steeve alors qu'en fait elle l'amène vers un hôpital psychiatrique
. Un très bon cru du mois d'octobre.
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