"Mommy" est donc le deuxième film où Xavier Dolan aborde le thème passionnant des difficultés de relation mère/fils...
Sans nul doute possible, les acteurs sont littéralement époustouflants en jouant merveilleusement leur rôle respectif, à commencer par la mère, Anne Dorval, extraordinaire de sincérité, lumineuse et donc terriblement dans la peau de son personnage, tandis que son fils, hyperactif et vraie bombe à retardement, interprété par Antoine-Olivier Pilon, crève l'écran par sa présence d'une violence inouïe et ce dans tous les sens du terme !
Ce duo est de plus accompagné d'un troisième numéro, Suzanne Clément en l'occurrence la voisine bien plus en demi-mesure mais qui apporte aux deux autres un semblant d'équilibre malgre son traumatisme personnel qui lui cause un trouble du langage...
Et donc c'est cette relation, cet apprentissage de la vie ensemble après avoir été exclu de son établissement, que le fils va découvrir avec sa mère... Les rapports avec elle vont être mêlés de la plus grande cruauté verbale et physique à une certaine forme de tendresse et d'amour indéniable !
Avec ce thème fort et ces acteurs qui le sont autant, on s'attend donc à un film qui secoue, qui nous emporte, qui nous atteint au plus profond...
Et finalement, malgré des scènes belles, dures et réussies, d'une intensité dramatique incroyable, ce film passe, à mon avis à côté du but, suite à un délayage "musico-esthético-poétique" qui fait trop souvent la part belle à des images, à des ambiances très tendance, très mode souvent, curieusement en grand décalage avec la dureté de cette histoire qui de ce fait, finit par souvent sonner faux ! Un comble...
On pourrait peut-être penser que ce parti-pris esthétique est une bonne idée, mais personnellement trop d'effets tuent le film comme si à vouloir trop en faire, Xavier Dolan affaiblissait son intention, sa démonstration et donc au final sa réalisation !
J'aurais davantage vu cette histoire sous un angle plus incisif, plus percutant sous l'œil d'un véritable microscope pour entrer de plein fouet dans la complexité de cette relation, plutôt que de la traiter à travers le prisme d'un kaléidoscope plein de trop belles couleurs et de jolies formes où la musique envahissante vient adoucir et ainsi fausser une vraie réalité, peut-être trop âpre, trop dérangeante pour nous la livrer telle quelle ?
Pourquoi donc, faut-il toujours nous préserver et nous emballer avec un bel emballage, un cellophane brillant et clinquant, de plus en plus souvent des films qui avaient tout pour eux... ?
Un film impressionnant dont certaines scènes restent littéralement bouleversantes et à fleur de peau, mais dont l'ensemble souffre d'une mise en forme esthétisante inutile en nuisant ainsi finalement à son propos.