Mommy de Xavier Dolan… J’étais un peu réticent à me lancer dans l’œuvre de ce réalisateur mais comme je voyais que de plus en plus de personnes m’en parlaient et que l’accent québécois eh ben c’est cool, j’ai regardé Mommy… et franchement ! quelle claque !!! On suit un schéma de narration assez classique et une histoire que le réalisateur a déjà beaucoup abordée à savoir les tensions entre une mère et son fils ou encore les tensions au sein d’une famille fragmentée ; mais la réalisation est vraiment incroyable ! Entre métaphores et couleurs, Dolan nous en met plein la vue et crée vraiment une ambiance poétique. Malgré une histoire assez réaliste, la réalisation fait très « cinéma » c'est-à-dire un peu exagéré, peu réelle qui permet de susciter les émotions du spectateur comme le moment où Steve se jette sur son lit après son retour à la maison où on sent cette sensation d’extase. Mais l’idée la plus intéressante du film restant le format carré. En effet, il a été tourné en 1:1 pour souligner les tensions et une atmosphère oppressante, le poids figuré sur la conscience de Steve. Mais au contraire, le format s’élargit en longueur pour illustrer la liberté et montrer que la situation s’est apaisée, l’écran « respire ». Le tout étant servi par des acteurs prodigieux qui te font croire à cet univers et te font retenir ton souffle parfois. Le seul point négatif de ce film selon moi, c’est le manque de subtilité à certains moments. Selon mon interprétation, le film est très symbolique et symbolise l’attachement réciproque d’une mère et de son fils. En réalité Steve est un enfant. Il réagit selon ses pulsions et le passage de l’enfance le plus relaté dans le film, c’est le complexe d’Œdipe.
Il est très proche de sa mère et son père est mort, il est donc proche de sa mère car son père est mort. A un moment, on pourrait même penser, d’après ce que dit sa mère, que c’est Steve qui l’a tué.
Un enfant amoureux de sa mère donc illustré par de nombreuses scènes dont une qui est l’image du film. Deux bouches séparées par une main presque invisible. Mais parfois ce n’est vraiment pas subtil et je m’adresserai à ceux qui ont vu le film.
Je trouve ça dommage car Steve n’est pas censé être un cas à part qui a le complexe d’Œdipe – ce que l’on pourrait penser au premier abord – mais même si l’histoire est forte, il est censé représenter l’archétype de la période difficile de l’enfance où l’enfant se cherche. Et je pense que la scène du baiser où la frontière est impalpable au début du film aurait suffit… En parlant de symbolique, la fin l’est beaucoup. Steve échappant aux mains des gardiens et s’évadant vers une liberté. Cette liberté est représentée part une vitre qui donne sur un coucher de soleil. Si on s’attache au rationnel, Steve ne peut pas s’échapper, il n’y a pas d’issues. L’issue est donc fictive. Mais j’interprète la fin comme une des nombreuses crises de joie de Steve. En effet, est-ce une happy end ? Est-ce que Steve a changé ? Non, et heureusement car Steve ne peut pas changer. On ne peut pas l'imaginer autrement. Mais lors de cette fin, le format est large, symbole de liberté, mais ce n’est pas la première fois qu’il l’est. En effet, il l’a été durant tous les moments d’apaisement. La vie de Steve serait donc un format qui s’élargit et se resserre ?
Au final, Mommy est un film qui peut faire rire, qui peut faire pleurer, qui peut surprendre, qui peut angoisser, qui peut plaire ou déplaire mais c’est un film qui amène à réfléchir sur des thématiques intéressantes. C'est pour ça que je lui accorde la place de chef d'œuvre. C'est une œuvre qui peut tout, tant en positif qu'en négatif. Je terminerai en évoquant ceci. En 1940, Orson Welles, alors âgé de 25 ans, réalise un film très novateur. D’abord controversé, le film arrivera ensuite à se hisser au rang de plus grande œuvre cinématographique de tous les temps. Le titre ? Citizen Kane ! 73 ans plus tard, Xavier Dolan nous propose une vision chargée de ses idées novatrices, qui partage la critique. Ce film, il l'a réalisé à 25 ans.