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traversay1
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3,5
Publiée le 11 mai 2015
Au rythme des 5 prières de la journée, Les terrasses de Merzak Allouache tracent le portrait du peuple algérois à travers 5 histoires indépendantes qui se rejoignent dans la même constat pessimiste. Alors que ces terrasses offrent un spectacle magnifique sur la mer, elles deviennent devant la caméra du réalisateur un théâtre de violence, de privation de liberté, de fondamentalisme religieux. Avec vue sur l'amer. Chronique acerbe de la capitale d'un pays qui n'a pas connu de révolution et dont les problèmes de terrorisme semblaient résolus. Ce n'est évidemment qu'un leurre : corruption, insécurité, gaspillage, etc, gangrènent l'Algérie. Les terrasses d'Alger, pour la plupart squattées, en sont le symbole. Le film réussit à passer d'une intrigue à l'autre avec fluidité. Celles-ci sont bien entendu inégalement exploitées et leur accumulation peut sembler excessivement dramatique. Il n'en reste pas moins qu'elles ne nous sont jamais indifférentes.
Merzak Allouache filme Alger avec amour mais sans être aveuglé par l'objet de son amour. La ville est dans ce film pareille à une jolie femme dont le visage serait enlaidi par quelques vilaines cicatrices.
Dans "Les terrasses", ces cicatrices ont pour nom pauvreté, violence conjugale, familiale, sociale, islamisme ou encore obscurantisme. Merzak Allouache les filme en prenant pour décor les terrasses d'immeubles algérois. On songe au néo-réalisme italien en patière cinématographique, à Alaa El Aswany ou Naguib Mahfouz en littérature.
Refusant de verser dans le misérabilisme, le réalisateur réserve au spectateur quelques bons moments de drôlerie et le film se referme sur une chanson qui invite les spectateurs à l'épicurisme. Il faut apprendre à aimer Alger avec ses cicatrices disgracieuses et la vie avec ces vicissitudes...
Magnifique perspective sur Alger, avec des angles différents à tous les points de vue . Personnages ambigus, images très prenantes d'une jeunesse désempare, d'une pauvreté maltraitée par des moins pauvres tout aussi paumés. Une souffrance parfois joyeuse mais dure à voir , pourtant si bien racontée qu'elle en devient douce. Une très pénétrante réflexion noire mais qui parait si sincère sur la société algérienne d'aujourd'hui.J'exagère un peu la note mais c'est magnifique d'en arriver là sur le plan cinéma avec si peu de moyens, je ne comprends pas pourquoi ce film n'a pas meilleure presse;
(...) "Nous voulions changer le pays, c'est le pays qui nous a changé", lâche le commissaire en regardant la nuit sur la ville. Les Terrasses n'a pas de dénouement car le nœud n'est pas près de se dénouer, mais le film participe d'un regard sur soi sans concession où l'enjeu n'est pas la dénonciation mais l'énergie de vivre à retrouver malgré le désillusionnement qu'impose le temps qui passe. D'un constat amer dans sa lucidité, Merzak Allouache fait sans tambours ni trompettes un appel à retrousser ses manches.
J'ai adoré le jeu de ces personnages : "le gourou", l'inspecteur, la vieille femme, la musicienne, la petite fille, l'Oncle fou, la cinéaste. Le descriptif des 5 prières, les vues panoramiques.