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Olivier Barlet
295 abonnés
396 critiques
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4,0
Publiée le 5 mai 2015
(...) "Nous voulions changer le pays, c'est le pays qui nous a changé", lâche le commissaire en regardant la nuit sur la ville. Les Terrasses n'a pas de dénouement car le nœud n'est pas près de se dénouer, mais le film participe d'un regard sur soi sans concession où l'enjeu n'est pas la dénonciation mais l'énergie de vivre à retrouver malgré le désillusionnement qu'impose le temps qui passe. D'un constat amer dans sa lucidité, Merzak Allouache fait sans tambours ni trompettes un appel à retrousser ses manches.
Merzak Allouache filme Alger avec amour mais sans être aveuglé par l'objet de son amour. La ville est dans ce film pareille à une jolie femme dont le visage serait enlaidi par quelques vilaines cicatrices.
Dans "Les terrasses", ces cicatrices ont pour nom pauvreté, violence conjugale, familiale, sociale, islamisme ou encore obscurantisme. Merzak Allouache les filme en prenant pour décor les terrasses d'immeubles algérois. On songe au néo-réalisme italien en patière cinématographique, à Alaa El Aswany ou Naguib Mahfouz en littérature.
Refusant de verser dans le misérabilisme, le réalisateur réserve au spectateur quelques bons moments de drôlerie et le film se referme sur une chanson qui invite les spectateurs à l'épicurisme. Il faut apprendre à aimer Alger avec ses cicatrices disgracieuses et la vie avec ces vicissitudes...
Magnifique perspective sur Alger, avec des angles différents à tous les points de vue . Personnages ambigus, images très prenantes d'une jeunesse désempare, d'une pauvreté maltraitée par des moins pauvres tout aussi paumés. Une souffrance parfois joyeuse mais dure à voir , pourtant si bien racontée qu'elle en devient douce. Une très pénétrante réflexion noire mais qui parait si sincère sur la société algérienne d'aujourd'hui.J'exagère un peu la note mais c'est magnifique d'en arriver là sur le plan cinéma avec si peu de moyens, je ne comprends pas pourquoi ce film n'a pas meilleure presse;
Au rythme des 5 prières de la journée, Les terrasses de Merzak Allouache tracent le portrait du peuple algérois à travers 5 histoires indépendantes qui se rejoignent dans la même constat pessimiste. Alors que ces terrasses offrent un spectacle magnifique sur la mer, elles deviennent devant la caméra du réalisateur un théâtre de violence, de privation de liberté, de fondamentalisme religieux. Avec vue sur l'amer. Chronique acerbe de la capitale d'un pays qui n'a pas connu de révolution et dont les problèmes de terrorisme semblaient résolus. Ce n'est évidemment qu'un leurre : corruption, insécurité, gaspillage, etc, gangrènent l'Algérie. Les terrasses d'Alger, pour la plupart squattées, en sont le symbole. Le film réussit à passer d'une intrigue à l'autre avec fluidité. Celles-ci sont bien entendu inégalement exploitées et leur accumulation peut sembler excessivement dramatique. Il n'en reste pas moins qu'elles ne nous sont jamais indifférentes.
c'est le genre de film qui vous réconcilie avec le cinéma (dans le fond comme la forme).....On est à Alger pendant une journée (24h) du lever du jour à la nuit (les prières servent de repère à l'écoulement des heures).....Le film est d'abord l'occasion de découvrir la ville (Bab el oued, Delcourt, centre ville, et deux autres quartiers) au travers de gracieux panorama teintés de lumière et de vues plongeantes sur les rues.....Le cinéaste aime sa ville et parce qu'il l'aime, brosse un portrait sans concession de ses habitants......Cinq ou six histories sur les terrasses (on peut citer une torture, un mariage, un fou, une histoire de musiciens, etc....dans une ville assez sale physiquement et moralement.....Chaque histoire a sa vérité, sa conscience ou son inconscience, son côté souvent obscur qui nous dit que la société est loin d'être idyllique, qu'elle souffre de beaucoup de choses, le racket, la religion, les femmes battues, etc....Au final le film laisse une impression de noirceur, même les rues animées le soir sont tristes, et peut être qu'un tel film au fond est porteur d'espoir , de changement, car son réalisme frémissant est à la fois, beau et d'une sincérité qui interpelle vu de ce côté de la méditerranée ....Un film à ne pas rater......
Un film superbe par sa tendresse, son humour et son humanité. Certes le propos est particulièrement pessimiste, mais chaque personnage est traité avec un certain respect. Allouache ne les juge pas et évite la caricature. Il dresse un constat accablant de la société algérienne, du cynisme et de l'arrivisme qui prédominent, du sort réservé aux femmes. Les superstitions religieuses en prennent un coup : la scène du Cheikh exorciseur est un morceau d'anthologie. Une fois de plus, le réalisateur d'Omar Gatlato porte un regard ironique et parfois complice sur tout un petit monde qui n'est pas sans évoquer celui des comédies italiennes de la grande époque.
Tout d'abord ce qui frappe, c'est le style. Ce film ne raconte pas une histoire de façon classique et banale. Il nous immerge dans un quartier populaire d'Alger, dans un labyrinthe d'immeubles, de ruelles dont les habitants s'échappent par le haut, par les terrasses. L'écriture ressemble à ce quartier et mêle les visages pour peu à peu, en isoler un. Allouache ne déroule pas un scénario, il sort les images de ses tripes. Sa caméra n'est pas polie, elle pèse, elle insiste où ça fait mal. Impossible d'affaiblir le film en le racontant, de dire comment une relation amoureuse entre deux femmes se termine par le suicide de celle qui vit recluse, brutalisée par un mari intégriste organisateur de prières sur sa terrasse et dealer de "bonne" drogue livrée par les "frères afghans. Comment des malheureux menacés d'expulsion tuent leur propriétaire et se voient conseiller par le policier de laver les traces de sang visibles derrière l'antenne parabolique et de jeter le corps à la mer. Comment après avoir torturé sans pitié pendant des heures un homme qui finit par rendre l'âme, le tortionnaire fond en larmes et supplie qu'on le laisse vivre le deuil de... son frère! Toute une société est montrée sans complaisance avec ses hommes et ses femmes qui essaient de vivre malgré tout dans un pays dont le passé, guerre d'indépendance, terrorisme, reste présent. Malgré la mort, malgré la difficulté de se réaliser, malgré les injustices, on ressent une vitalité, un amour pour cette ville qui vit au rythme des prières et qui s'ouvre en grand sur un espace de liberté : la mer. ... Et quelle belle scène finale, quelle leçon d'espoir malgré tout quand un orchestre traditionnel joue sur une terrasse une vieille chanson : "Serveur, emplis nos verres... Il faut se lever et ne pas prendre la vie trop au sérieux"!
Nul. Ennuyant. Trop silencieux. Le réalisateur se veut engagé mais il le fait trop mal. Il encense Khadafhi et crache sur l'islam. Vraiment déplorable.
Merzak Allouache s'est fait connaître avec des comédies grand public : "Chouchou" (qui avait lancé Gad Elmaleh) ou "Bab el Web" (qui avait lancé Faudel). Le ressort de ces comédies pas toujours fines : traiter par l'humour les décalages culturelles entre la France et l'Algérie. L'humour en moins, la finesse en plus, Merzak Allouache est revenu filmer Alger du haut de ses terrasses. Cinq terrasses, cinq quartiers, cinq histoires. Toutes aussi sombres les unes que les autres : un frère qu'on torture pour qu'il cède sa part d'héritage, un vieil oncle qu'on séquestre, des jeunes enrôlés par un imam djihadiste, des squatteurs qu'on expulse, des propriétaires qu'on assassine .... Cette accumulation est servie par une remarquable mise en scène. Le réalisateur évite le film à sketches, composé de cinq chapitres successifs, et lui préfère, comme Alaa Al Aswany dans l'immeuble Yacoubian, une composition plus complexe où les histoires s'entremêlent et se répondent.
Merzak Allouache nous fait ressentir l'universalité de ses personnages : ces jeunes musiciens pourraient être des « chats persans » dans un autre orient. Son film est sans doute un portrait au vitriol de l'Algérie contemporaine, mais on sent aussi, dans l'impression de vitalité et de bouillonnement qui s'en dégage, un salutaire geste de vie, face à l’obscurité.
Sur quatre terrasses de différents quartiers d'Alger, au moins huit histoires qui mêlent les aspects du mal-être algérien. Un fou enfermé rappelle les déchirures et les compromissions liées à la guerre d'indépendance, des jeunes musiciens répètent mais derrière leur modernité transparaît un vieux machisme et une lâcheté face à des rapports de force trop violents, une cinéaste veut filmer Alger mais occulter son passé colonial et pré-colonial, plusieurs ''bourgeois'' exposent leur pourriture malfaisante, des islamistes prêchent le djihad mais font du trafic de drogue, un vieux justicier évoque avec fatalisme ce qui aurait pu conduire à une Algérie laïque et plus équitable… Alger est magnifique ; presque tous les acteurs sont excellents (deux scènes avec la folle, son fils drogué et la petite visiteuse du fou enfermé auraient mérité d'être refaites, mais le film a été fait en 11 jours, faute de moyens) et, bien que le parti pris de filmer quatre récits parallèles perturbe un peu le spectateur, le rythme est agréable ; . Ce film est vivement recommandé aux cinéphiles ayant un minimum de connaissance et d'intérêt pour l'Algérie et de son histoire, qui sont un prérequis nécessaire à la compréhension de toutes les intentions de l'auteur. Il sera à l'affiche de Visions d'Afrique (Oléron 14 au 20 octobre 2015).
La tiédeur générale des critiques a de quoi surprendre! Ce film suit la vie de cinq terrasses de quartiers différents d'Alger en correspondance avec les cinq prières du jour. Au fond la mer, et des histoires plutôt violentes. Il est presqu'étonnant qu'un tel film ait pu être tourné sur place et je ne sais s'il y est diffusé. De Merzak Allouache on a vu "Le repenti" très bon, "Chouchou" (hum...) et Bab el oued city. Le talent de ce réalisateur s'affirme avec évidence et.. retour à la 1ère phrase!
Le concept du film est séduisant, même s'il n'est pas complètement novateur. Il permet à Allouache de nous montrer la ville d'Alger sous toutes ses facettes, tant visuellement que sociologiquement. La misère, la violence conjugale, le poids de la religion... autant de thèmes abordés sans lourdeur, grâce à une mise en scène fluide, et une interprétation de qualité. J'ai moins apprécié la dramatisation excessive du scénario (ou plutôt des cinq scénarios!): trop de situations extrêmes et de rebondissements finissent par désincarner les personnages.