Alors allons-y, Rocky VII, ou plutôt Creed, pour la première fois non scénarisé par Sylvester Stallone, et réalisé par un inconnu dans nos contrées.
J'ai crié au scandale à la sortie de ce film. Encore une suite, encore un coup de la pompe à fric hollywoodienne qui va faire un film banal avec des plagiats énormes à la saga tout du long pour faire plaisir à la fan base des 6 films Rocky. Bref, ça me plaisait pas du tout, je savais que j'irais le voir, mais ça ne me plaisait pas.
Plusieurs choses se sont enchaînées suite à cela, des interviews, des échos positifs des avants-premières américaines, et enfin le Golden Globes du meilleur second rôle pour Sylvester Stallone.
Intrigué? Carrément.
Creed est au niveau du premier Rocky. Voilà, c'est dit.
J'aime beaucoup la saga de base pour y revenir, et j'aime bien Stallone. Oui, il est enfermé dans une caricature de films d'action décérébrés et on a du mal à le sortir de cela. On les aime ces films d'action, on les regarde, on passe du bon temps, mais sans le prendre au sérieux, et c'est avec des sagas comme Rocky que l'on voit son talent de scénariste et Creed était donc un pari beaucoup plus risqué encore.
Bref.
Ce long-métrage, tout en restant proche de la saga par des références discrètes, est parfaitement dosé sur tous les points. Il délivre un noveau message sans récurrence des précédents films. La référence est présente sans être trop grosse. Les combats sont tout aussi prenants mais certains éléments de mise en scène comme des plans séquences et des cadrages extrêmement proches changent de la saga originale.
Même Sylvester Stallone laisse son ombre sur le film tout en montrant sa volonté de voir Michael B Jordan se faire son propre nom comme Adonis derrière Apollo.
Les enjeux marchent très bien et le film a un très bon rythme pour les tenir avec punch et émotions. On entre en empathie avec les personages qui sont dressés avec finesse...
.. sauf un...
J'ai quelques bémols sur le personnage de Pete qui, mon Dieu, est caricatural à souhait. On devine ses intentions à la première scène, on le cerne au premier regard, et c'est dommage de voir un protagoniste aussi grossier dans un film qui, malgré son thème, est aussi subtil.
Je dirais également que le premier quart d'heure est expédié assez vite mais c'est un parti-pris que j'accepte pour le coup pour ne pas faire un film trop long, le sujet à traiter étant suffisamment complexe.
Le parcours initatique d'un jeune, le fait de marcher dans les traces d'une grand, det un autre grand thème que je ne dévoilerai pas ici suffisent bien pour faire 2 heures.
Cet autre thème d'ailleurs, nous montre un Sly différent de ce qu'on a l'habitude de le voir jouer.
Sylvester Stallone sors d'ailleurs des sentiers battus tout le long du film et incarne un Rocky vieux, seul, sage, qui a un rôle de mentor pour la nouvelle génération, et il incarne très bien ce nouveau registre. De là à dire qu'il mérite sa statuette, j'attends de voir Spotlight et The Revenant, mais la finesse de son interprétation dans Creed lui permettra de se refaire un nom chez ceux qui le considéraient comme un acteur de seconde zone fait pour les films d'action comme peuvent l'être Steven Seagal ou Chuck Norris.
La relève est dans tous les cas assurée par Michael B Jordan dont on entendra pas mal parler après ce rôle selon moi.
Un film plein de bons messages donc, avec de légères réserves, mais qui met la patate, qui donne envie de se dépasser, surtout avec cette bande son, et qui permet de dire "Rocky c'est pas fini", même si on espère tous que Creed 2 soit d'aussi bonne qualité.