Je le dis en préambule : je n'ai jamais eu de console. Et les jeux de courses de bagnoles, ce n'est pas ma tasse de thé. Ni les courses de bagnoles d'ailleurs. Ni même les bagnoles tout court. Bref, je suis très loin du public cible du film.
Néanmoins, j'étais curieux de l'approche prise par "Gran Turismo". Au lieu de se lancer dans une énième adaptation stérile de jeu vidéo, les producteurs ont rusé un peu. "Gran Turismo" est le biopic de Jann Mardenborough, un gamer adepte de Gran Turismo, qui par ce biais s'est retrouvé propulsé derrière un vrai volant de course, avec un certain succès.
Un choix qui permet d'avoir une trame narrative fonctionnelle... et aussi de parler ostensiblement du jeu en lui-même et de tous les produits autour. Et alors là, préparez-vous, vous allez en bouffer du placement produit. Sony, Playstation, Nissan, Gran Turismo... Ils y sont tous ! Dans la première demi-heure on nous assène toutes les 5 minutes que Gran Turismo serait le meilleur jeu de course de tous les temps. Et je passe sur les marques de vêtements et d'accessoires automobiles ostentatoires.
En même temps, le film nous envoie un plan aérien de Londres clairement identifiable (avec tamise, London Eye & cie), et il marque en grand sur l'écran "Londres, Angleterre" en affichant le drapeau du Royaume-Uni. Les producteurs méprisent-ils à ce point l'intelligence du spectateur ?
Outre ces désagréments, "Gran Turismo" propose une success story classique, oserais-je dire déjà vue cinquante fois. Avec le mentor agressif qui s'avère en fait gentillet. Et les rivaux imbuvables. Après je ne connais pas du tout le milieu des courses, peut-être tous les pilotes sont-ils vraiment comme ça ?
Mais sur le reste, le film donne le change. Les acteurs font le taff. Le scénario se tient. Et les séquences de course, nombreuses mais courtes, sont plutôt efficaces. Proposant une sorte d'hybride entre les codes visuels du jeu vidéo et du film de course automobile, avec un bon montage sonore.
Je signalerai même que pour une production à "seulement" 60 millions de dollars, c'est franchement propre visuellement. Il n'y a que quelques effets qui tachent. Surtout quand je compare à "Ferrari", qui, doté d'un budget plus élevé, affichait des séquences de crash peu convaincantes.
Par contre, pour ceux qui se poseraient la question, la patte de Neill Blomkamp est absente. Le réalisateur jadis prometteur semble être tombé dans la case yes-man...
Je note enfin que sur la musique, outre quelques utilisations sympathiques de Black Sabbath, ils ont osé reprendre directement le thème de Moby qui clôturait "Heat" !