Abrutissant et niais
D’emblée, la promo du film de Neill Blomkamp, spécialiste sud-africain de la SF, - District 9, Elysium -, annonce la couleur : Inspirant, palpitant et bourré d’action, le film prouve que rien n'est impossible quand on est déterminé à prendre tous les risques. Mazette ! Celui qui prend le plus grand risque, c’est bien celui qui entre dans la salle pour voir ces 134 minutes. Donc, parlons peu mais parlons bien, le film retrace l'incroyable histoire vraie d'une équipe d'outsiders : un gamer issu de la classe ouvrière, un ex-pilote de course raté et un cadre idéaliste de l’industrie du sport automobile. Ensemble, ils risquent tout et s’attaquent au sport le plus élitiste du monde. Techniquement, c’est remarquable. Mais mon Dieu quel scénario, paresseux et fadasse, car, même s’il est inspiré de l’histoire vraie de Jann Mardenborough, il y a quelques limites à ne pas franchir… et là elles le sont allègrement pour ne pas dire piétinées.
En 2013, à la sortie de son film de SF, Elysium, j’avais écrit : Rien de bien nouveau dans tout cela mais un film qui se tient et qu'on regarde sans ennui. Bizarrement, je pense la même chose 10 ans plus tard, de ce long récit quasi hagiographique à la gloire d’un pilote – qu’on nous dit hors normes -, de Nissan et de la PlayStation. En effet, dans le genre placement de produits, ce film est un must. A part ça, si on regarde plus près la biographie dudit gamer prodige, on s’aperçoit qu’on a un tantinet doré la pilule aux niveaux de ses performances en tant que pilote. Pour le reste, tout n’est que clichés, le manager cynique, l’adversaire méprisant et anti-sportif, le coach-qui-fut-un-champion-maintenant-déchu-qui-a-raté-sa-carrière-très-dur-mais-juste-et-qui-cache-un-cœur-d’or… - ouf, à prononcer d’une seule traite -, sans parler du père qui ne comprend rien à son fiston. Chaque scène – rare mais quand même – où le rythme effréné du film faiblit un peu, c’est pour faire dans le pathos dégoulinant. Et je n’ai pas encore parlé de la musique tonitruante de Lorne Balfe et Andrew Kawczynki – un nom qui fait un malheur au Scrabble -, qui submerge tout y compris les bruits des moteurs du circuit GT…une performance dans le décibel rarement atteinte. Bon, tout ce qui est scènes de courses, c’est très spectaculaire. On voyage beaucoup, Grande-Bretagne, Hongrie, Allemagne, Autriche, Slovaquie, Dubaï ou encore Tokyo. Une nuée de technicien auto – 500 nous dit-on -, une escadrille de cascadeurs, une autre de drones, et des bagnoles, des bagnoles, des bagnoles… Le budget n’a pas été communiqué… on se demande pourquoi, aux Etats-Unis, on adore pourtant faire dans la surenchère…ou alors on a honte.
En tout cas, ce n’est pas le casting qui a dû coûter le plus cher, car il n’y a pas de grosses vedettes du box office à l’affiche. Car ce ne sont pas les présences à l’écran de David Harbour, Orlando Bloom, Archie Madekwe ou Daren Barnett, qui vont attirer le public dans les salles. Elles sont visiblement fréquentées par des amateurs – voire des acharnés d’un des plus célèbres jeux vidéos de la planète -, qui, à coup sûr, entre deux poignées de popcorn, y trouveront sûrement leur compte. Ce n’est pas mon cas surtout quand je pense que le mode de vie de ces fondus du stick c’est Eat, Sleep, Play… ça fait froid dans le dos. Ah oui ! Cette formule qui apparaît fugitivement au mur de la chambre du héros, c’est accessoirement le nom d’un studio américain de développement de jeux vidéos… Le placement de produits, c’est tout un art, qui a tout de même une forte propension à prendre les spectateurs pour des cons. Du grand spectacle ou une vaste opération marketing ? A vous de juger.