Voici un petit film passé inaperçu ces derniers mois, et qui vaut pourtant la peine qu’on le découvre : un polar urbain doublé d’une réflexion effrayante sur les médias ; bref, c’est un scoop que je vous dévoile en exclusivité : laissez-vous tenter par Night Call !
Un personnage principal mystérieux, solitaire, qui roule la nuit à L.A et se frotte au monde du crime : on est bien sur les mêmes routes que « Collatéral » de Mann ou « Drive » de Refn. Avec peut-être pas tout à fait la même classe visuelle, mais honnêtement, c’est du bon travail, surtout quand on sait qu’il s’agit du premier film de Dan Gillroy. L’ambiance est bien là, fascinante et malsaine.
Le véritable atout de « Night Call » est qu’il parvient à ouvrir un chemin inédit à travers ces véhicules connus de thriller nocturne : le chemin des médias cherchant le sensationnel et le violent à tout prix. Nous suivons un personnage principal du début à la fin, un néo-journaliste rapportant les images les plus trashs aux journaux. A travers lui, c’est tout le voyeurisme du spectateur qui est questionné : on le voit filmer, et on a envie de voir ce qu’il filme, tout en sachant que c’est dégoutant ! Le long-métrage repousse de plus en plus les limites, et met le spectateur dans une position de plus en plus troublante. Je n’avais pas ressenti un tel malaise en salle depuis un petit temps ! Satire des médias, et de façon sous-jacente, il y a aussi une satire du monde du travail : voir les relations déshumanisées jusqu’à l’absurde entre le héros et son stagiaire, ou son insertion dans le monde télévisuel. Bref, derrière le film de genre, de façon absolument pas moralisatrice, Gillroy cible les médias, le voyeurisme, la position de spectateur, ou encore les limites du travail en entreprise.
Il faut dire aussi que le film possède un argument de poids en la personne de Jake Gyllenhal (même s’il en a surtout perdu, du poids, pour le rôle !) qui trouve peut être ici son meilleur personnage. On ne sait jamais très bien jusqu’où il peut aller, il est hyper inquiétant tout en affichant un profil très distingué, poli, à la conversation raffinée. Il me rappelle un petit peu le Javier Bardem de No Country For Old Men, c’est dire !
Bref, laissez-vous tenter par l’appel de la nuit et matez ce « Night Call » !