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Ciné2909
69 abonnés
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3,0
Publiée le 19 septembre 2014
C’est vraiment un film curieux que ce Sunhi. A travers le parcours de la jeune étudiante, on va faire la connaissance de 3 hommes pas totalement indifférents au charme de notre héroïne finissant donc par devenir des prétendants. C’est au niveau de la réalisation que le film de Hong Sang-soo surprend puisque les plans de caméra sont réduits au minimum et le sentiment de répétition n’est pas qu’une impression. Autour d’un verre de Soju ou en attendant de déguster un délicieux poulet, ce sont alors des plans-séquences qui peuvent parfois durer jusqu’à 10 minutes qui rythment le film. Par contre, l’utilisation faite du zoom donne un effet plutôt amateur. Déconcertant, il faut quand même une certaine patience et faire preuve de curiosité pour cette sympathique découverte.
"Sunhi" (ou plutôt "Notre Sunhi", selon le titre original bien plus pertinent) est l'un des films de Hong Sang-Soo qui peut le plus justifier la comparaison habituelle - et assez paresseuse - avec Eric Rohmer : nous suivons en effet la jeune et passablement irritante (comme une héroïne rohmerienne) Sunhi dans ses rencontres croisées et un tantinet manipulatrices avec trois hommes, tous trois plutôt veules, et finalement assez minables. Et, suivant notre appétence pour ce genre de cinéma furieusement conceptuel et pourtant remarquablement juste humainement, nous nous délecterons ou nous nous désespérerons devant ce petit théâtre dérisoire de mensonges, de faux-semblants, ou simplement d'illusions aussi naïves que délétères. Hong Sang-Soo "alcoolise" bien entendu lourdement les confrontations de ses quatre personnages, comme pour nous en révéler encore mieux la vacuité : cette "révélation" n'est heureusement en rien surplombante, ni moraliste, Hong Sang-Soo étant, on le sait, un cinéaste profondément humaniste, jusque dans son humour légèrement piquant. Le joli "twist" de "Sunhi", c'est la répétition des lieux et des scènes (le bar, le poulet,...) dans des configurations différentes, qui pointe combien nous ne faisons souvent que rabâcher des idées et des expressions que nous venons d'entendre (le fameux "il faut creuser...") dans nos babillages finalement vides de sens. Tout cela pourrait être facilement sinistre, si Hong Sang-Soo n'avait la brillante idée d'une dernière scène très réussie, et justement très rohmerienne, réunissant ses personnages dans une ambiance de vaudeville léger au sein d'un décor à la beauté lumineuse. Mais à la différence de Rohmer, Hong Sang-Soo choisit la disparition de son héroïne, lui évitant la confrontation fatale, et nous laissant malicieusement "en plan", et bien incapables de tirer de cette comédie ne serait-ce qu'un proverbe.
Ritournelle poétique coréenne dans laquelle trois amants gravitent autour d’une élue, Sunhi, tels 3 planètes tournant autour du soleil. Hong Sang-soo use avec brio et subtilité de sa rhétorique soigneusement appliquée aux dialogues et à la mise en scène. Il a voluptueusement « creusé » le sujet.
Pourquoi les mêmes histoires, les mêmes lieux de tournage (temple, café), les mêmes rituels (soju!!), les mêmes personnages, les mêmes zooms (bzzzz bzzzz) incompréhensibles nous plaisent-ils toujours chez Hong Sang Soo et même toujours plus ? Le charme des acteurs, l'humour, la tristesse en sourdine mais omniprésente: Hong Sang Soo est un de mes nouveaux héros.
Est-elle manipulatrice ? ou simplement perdue dans ce monde d'hommes amoureux d'elle, avec gentillesse mais aussi avec une certaine fatuité. On parcourt les méandres du scénario doucement, parfois trop doucement, mais sans ennui. Ce film est plaisant. Un Rohmer coréen.