Mary Stuart a (beaucoup) moins inspiré le cinéma que sa cousine issue de germain Elisabeth 1ère (la grand-mère de la première, Marguerite Tudor, était la soeur aînée d'Henry VIII, le père de la seconde), du moins à titre principal. Ainsi, le précédent "Mary, Queen of Scots" (un film britannique) datait de 1971. Mais la littérature, le théâtre, l'opéra même la prirent fréquemment comme héroïne, et de nombreuses biographies lui furent consacrées, dont celle de Stefan Zweig, en 1936, comme "Marie Stuart" (la forme francisée de son nom - élevée à la cour d'Henri II à peine âgée de 6 ans, en tant que fiancée du dauphin, elle fut presque un an et demi durant reine consort de France, épouse de François II, mort prématurément d'un abcès à l'oreille), dont se réclame le scénario de ce nouveau film, franco-suisse, réalisé par l'Helvète Thomas Imbach. N'ayant sans doute pas le budget requis pour une réalisation de type historique, à grand spectacle (de retour en Ecosse après son veuvage, Mary ne cessera de combattre les lords protestants écossais menés par son demi-frère illégitime le comte de Moray, et de s'opposer à Elisabeth, dont elle réclamait le trône, comme petite-nièce d'Henry VIII, quand la fille d'Ann Boleyn passait pour bâtarde - les deux souveraines ne se rencontrèrent jamais, mais entretinrent une abondante correspondance - servant de "fil rouge", comme chez Zweig), le cinéaste tente, à l'instar de ce dernier, un portrait "psychologique" de Mary. Pas d'épopée, de l'intime. Le style est donc épuré, la dramaturgie théâtralisée, l'ellipse fréquente - l'essentiel de "l'action" étant concentré sur les deux ans où elle se remarie avec Lord Darnley (un cousin germain), donne naissance au futur successeur d'Elisabeth 1ère, James - pour le compte duquel elle abdiquera du trône écossais alors qu'il n'a qu'un an, fait assassiner Darnley et épouse le comte Bothwell, son complice et amant. Les paysages sont superbes et la reconstitution soignée (bien qu'à la portion congrue), et l'alternance du français (Mary, française de mère - Marie de Guise - a vécu plus de 10 ans en France, et s'exprimait couramment dans notre langue) et de l'anglais (avec l'accent écossais idoine) opportune - tout ceci à porter évidemment au crédit du film. Mais le rythme retenu, voire languissant (pour une durée de deux heures) gâte l'impression globalement positive, et le choix de la franco-anglaise Camille Rutherford n'est pas persuasif (ses performances linguistiques mises à part, et le respect de la taille de la reine - 1,80 m - tout à fait exceptionnelle pour une femme de la Renaissance). Aucun charisme, pas de dimension quasi-romantique attendue pour un tel personnage (en tout cas hautement romanesque) atteinte....