Ingénieur du son, réalisateur et producteur de cinéma, le Portugais Joaquim Pinto raconte face à sa caméra un an d'essais cliniques autour d'un traitement qu'il reçoit pour lutter contre l'hépatite C et le VIH. C'est une sorte de journal intime : journal d'un corps et d'une pensée en souffrance. Mais pas seulement. Entre passé et présent, c'est aussi une réflexion sur les autres, la société, l'amour, la nature et la culture, le sens d'une vie ou d'une survie...
Joaquim Pinto filme sa maladie et son rapport au monde sous la forme d'un bel entrelacs de considérations personnelles et générales, au gré d'une narration joliment tissée, qui vibre d'une sensibilité et d'une intelligence toujours fines. Pas de pathos exacerbé. Mais une simplicité et un naturel dans l'expression, qui forcent l'empathie. L'inertie du corps, la confusion mentale, les trous de mémoire et autres désagréments liés à la maladie ou au traitement médical sont toujours mis en balance avec le plaisir de vivre, d'aimer, de créer. Il y a beaucoup de moments touchants : les scènes intimes entre Joaquim Pinto et son compagnon, Nuno Leonel, la relation du couple avec ses quatre gros chiens, la rencontre avec la mamie à la campagne, le projet de reforestation, etc. Bien écrit, le récit est aussi bien mis en images et en sons, avec quelques touches poétiques, sans artifice. Il n'a qu'un seul défaut : sa longueur. 2 h 45 sur ce mode fragmentaire et digressif, c'est probablement trop. Mais cette expérience reste une belle expérience de cinéma.