Quand le réalisateur roumain Corneliu Porumboiu se penche sur le scénario de son troisième long-métrage, Métabolisme (ou Quand le soir tombe sur Bucarest), au même moment, en Roumanie, un projet de loi vise à contraindre les professionnels du cinéma en exigeant des réalisateurs qu’ils découpent méticuleusement leur scénario pour espérer obtenir des fonds. Livrer une histoire sur le papier ne suffisait plus, les cinéastes roumains devaient tourner avec un métrage de pellicule limité et mentionner la durée précise de chaque plan : "Du fait de ces restrictions, j'ai développé ce goût pour les répétitions et les plans séquences. Et j'avais envie de parler de la naissance d'un film et de ses contraintes."
Corneliu Porumboiu a voulu focaliser son troisième long-métrage sur le processus de construction d’un film et les difficultés propres au métier de réalisateur. Il confie s’être inspiré des parcours du combattant de ses amis cinéastes, qui ont vécu de vrais cauchemars pour financer la réalisation de leur film et qui, pour quelques-uns, n’ont même pas eu la force d’aller jusqu’au bout.
L’acteur Bogdan Dumitrache, qui joue Paul, le réalisateur tourmenté, connaît bien Corneliu Porumboiu, puisqu’il a réalisé la plupart des castings de ses films. Mais à l'origine, ce n’est pas lui que le cinéaste avait choisi pour interpréter ce rôle : "Au départ, j'avais écrit un scénario pour quelqu'un qui me ressemblait trop. Heureusement, Bogdan m'a apporté autre chose : une mobilité, une fragilité et cette dissolution entre l'esprit et le corps qui caractérise tellement son personnage."
Métabolisme (ou quand le soir tombe sur Bucarest) marque le premier rôle au cinéma de la comédienne de théâtre Diana Avrãmut.
Pour son troisième long-métrage, le cinéaste roumain a quelque peu modifié sa méthode de travail, en allongeant les temps de répétitions avec les acteurs et en leur donnant plus de liberté avec les dialogues. De plus, ce film a entièrement été réalisé en plans-séquences afin de mieux capter le mouvement des corps.
Corneliu Porumboiu déclare avoir été fortement influencé par l’univers des films du réalisateur sud-coréen Hong Sang-soo, ainsi que des scènes entre Michel Piccoli et Brigitte Bardot dans Le Mépris de Jean-Luc Godard, mais surtout par Ed Wood de Tim Burton : "Il montre si bien la passion et l'absurdité de faire des films !"