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brunetol
190 abonnés
179 critiques
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3,5
Publiée le 17 avril 2014
"Policier, adjectif" était une curiosité assez mémorable. "Métabolisme" est une proposition de cinéma très aride. Nos critiques y voient plein de choses profondes qui échappent au spectateur très premier degré que je suis le plus souvent. Très bavard, très frontal, le nouveau film de Porumboiu ne manque pourtant pas de charme. Ça tient d'abord aux acteurs, impeccables, aux cadres très précis, au bavardage drolatique déversé du début à la fin. Un réalisateur, son actrice, un désir de la filmer nue, et la stratégie consistant à tenter de la convaincre, et quelle est l'influence de la longueur des bobines de pellicule limitée à 305 mètres soit 11 minutes sur la forme des films, par rapport au numérique qui abolit cette limite ? Et l'influence des baguettes sur la cuisine chinoise, par rapport à la cuisine arabe qui se mange avec les doigts. Etc. Le climax du film c'est une autre scène de restaurant avec l'entrée dans le cadre d'un troisième personnage et la perturbation (façon vaguelette à peine discernable) que son irruption provoque entre nos deux "héros". Ça pourrait friser le foutage de gueule, l'écriture automatique, la vacuité absolue. Eh ben non. Il suffit, quand l'ennui affleure, de songer par exemple à un seul film de notre triplette nationale (Zlotowski/Killévéré/Sciamma) pour trouver à "Métabolisme" une originalité de ton et une rigueur formelle incontestables, tellement plus rafraichissantes que les rances téléfilms "sociaux" subventionnés des sus-citées. Je reconnais que cet argument est faible, voire mufle. Que vaudrait "Métabolisme" s'il n'était pas roumain ? Mais voilà, il ne peut être que roumain, et c'est bien là que réside son pouvoir de séduction.
Film extrêmement ardu. J'ai tenu jusqu'à la fin par une grâce inconue. En fait, le sujet ne sensibilise que si on est réalisateur, mature ou en herbe. Cela limite terriblement la portée du film. La mise en scène est insuportable par sa constance: Uniquement des plans séquences et uniquement en caméra fixe me semble-t-il. J'aurai du attendre des critiques de spectateurs avant de me déplacer. J'avais beaucoup aimé "Policier, adjectif", avec une mise en scène assez semblable, de mémoire, j'ai détesté "Métabolisme (ou comment réussir à achever un film en Roumanie)". L'histoire m'a désintéressé au possible. Tout le film est dans les dialogues, qui se veulent peut-être puissants et subtils, mais qui m'ont absolument ennuyé.
Corneliu Porumboiu est vraiment un réalisateur à part dans le cinéma roumain. S'il est évident dans Métabolisme qu'il trace une parabole de la société dans lequel il vit, il le fait d'une façon tellement théorique et anodine qu'il faut s'armer d'une grille de lecture pour aller plus loin. La forme n'aide guère. De longs plan séquences, le plus souvent fixes, généralement limités à deux personnages : un metteur en scène et son actrice. Et des conversations qui vont de la durée des scènes au tournage d'un film qui diffère selon le format (pellicule ou numérique) à une discussion sur les mérites comparés des cuisines chinoise, arabe et européenne. Sans parler des images d'une endoscopie suite à la propension du personnage principal à l'hypocondrie. Ce portrait schizophrène d'un cinéaste, s'il n'est pas totalement inintéressant, souffre tout de même de son caractère abstrait et bavard et d'un schéma répétitif et formel qui détruit toute forme de dramatisation.
Après un premier plan-séquence passable, long dialogue sentencieux où la nunucherie de l'actrice ("Les bobines durent 11 minutes ? Mais pourtant les films font 1h30...") le dispute à la morgue du réalisateur, le film s'enfonce dans la torpeur d'une mise en scène statique et complaisante. Chaque plan-séquence est plus insupportablement froid et vide que le précédent. Au bout du septième, j'ai pris mes cliques et mes claques.