Comme beaucoup de lecteurs (sans doute peu exigeants), j’ai aimé le "Da Vinci Code" de Dan Brown. Comme beaucoup moins de spectateurs, j’ai beaucoup l’adaptation du livre par Ron Howard qui, certes, n’était pas parfaite, mais qui pouvait se vanter d’un casting étincelant, d’une photo travaillée, d’une mise en scène dynamique et d’une musique extraordinaire d’Hans Zimmer. "Anges et Démons" disposait, également, de ses atouts... mais à une moindre échelle, le film étant beaucoup plus convenu bien qu’il reste de très honnête facture et qu’il s’appuie sur un Ewan McGregor épatant. C’est, donc, avec une certaine tristesse que j’ai enduré cet "Inferno", adaptation des quatrièmes aventures littéraires de Robert Langdon (le troisième tome, "Le Symbole perdu", ayant été considéré, à juste titre, comme trop faible pour susciter l’intérêt du public) en constatant que toute ambition artistique avait définitivement disparu au profit d’une recherche de profits rapides sur une poule prétendument aux œufs d’or. Ron Howard rend, ainsi, une copie très insuffisante puisque, non content de refuser de renouveler un peu sa mise en scène ou la conduite de son intrigue (on retrouve, absolument, toutes les recettes des deux précédents opus, des énigmes sur fond d’œuvres d’art aux sociétés secrètes en passant par les poursuites à pied et les trahisons que seuls les scénaristes croient inattendues), il régresse à tous les niveaux. L’histoire ? Une idée de départ potentiellement passionnante et riche en questionnements de toutes sortes
(la fameuse question "peut-on tuer un innocent si sa mort en sauve des centaines" étant, tout de même, intéressante)
qui se voit très rapidement balayée d’un revers de main pour ne s’intéresser qu’à la recherche du virus, en usant de ficelles scénaristiques énooooooormes
(l’explication de l’amnésie de Langdon vaut son pesant de cacahuètes sur le plan de la crédibilité)
. Le plan du méchant de l’histoire n’est, d’ailleurs, pas traité avec l’ampleur qu’il mérite puisque sa conspiration mondiale
et ses adeptes paraissent se réduire, en tout et pour tout, à trois membres (dont deux anonymes)
. Le casting ? Il n’est pas déshonorant mais il manque franchement d’envergure pour un film de cet acabit. Autour de Tom Hanks qui cachetonne gentiment, on retrouve une Felicity Jones assez peu crédible, un Omar Sy au rôle bien peu écrit, un Ben Foster prometteur mais trop peu présent à l’écran, une Sidse Babett Knudsen pas mal sans plus ou encore Irrfan Khan amusant dans le décalage de son personnage (le seul qui ait une once d’intérêt). La mise en scène ? Ron Howard est en pilote automatique, sans audace et sans rythme. Pire, la photo de "Inferno" est franchement ratée et les choix visuels sont du même tonneau (voir les images de l’Enfer de Dante). Il reste à peine la musique de Hans Zimmer pour relever le niveau (avec la reprise du superbe thème "Chevalier de Sangreal") mais c’est bien peu ! "Inferno" est, ainsi, sans conteste, le moins bon épisode de la saga (ou son seul vrai raté, c’est selon) et son relatif échec au box-office devrait mettre un terme aux velléités de Sony de repartir pour un tour avec Robert Langdon. Autant se replonger dans le "Da Vinci Code"…