Inferno, c'est l'exacerbation du caractère des deux films qui l'ont précédé, pour le meilleur et pour le pire. Mais c'est aussi un film qui bénéficie d'un certain soin, plus humble que dans ses précécesseurs – la faute au casting moins prestigieux ? – et plus moderne. Oui, il y a vraiment une rupture, et elle peut être le point de ralliement des détracteurs et des nostalgiques, mais j'y ai vu un relatif nouveau départ.
D'abord, Inferno n'est plus un film ésotérique mais un film d'action. Adieu, les symboles, hello les courses menées par un Tom Hanks venant de goûter à sa soixantaine. Visuellement au moins, le film est épatant, et nous plonge à grands coups d'IMAX dans l'ambiance du livre (que j'ai lu) jusqu'à ce que le film devienne aussi agréable que ses prédécesseurs.
Mais quand je dis que tout est exacerbé, et bien le plus gros défaut de la série l'est aussi : tout tombe où et quand il faut. Le crime d'être trop fidèle au bouquin ne se fera pas pardonner dans le cas d'Inferno, même si le tout forme un très bon spectacle. Mais bon, difficile de détourner son regard des excuses complètement enfantines – oui, je sais qu'elles sont une constante de la trilogie de Ron Howard – fournies pour expliquer, notamment, que l'Organisation Mondiale de la Santé se prenne pour The Expandables. Franchement, Inferno aurait tout gagné à ne pas faire comme le roman. Tout comme pour le personnage de Vayentha, dont le style est aussi pété que le nom ; c'est marrant quand même, je me l'imaginais comme ça dans le roman aussi.
Un autre avantage dont l'œuvre bénéficie, c'est la mise en opposition brillante entre Tom Hanks et le reste du casting, qui forment comme des forces opposées l'une à l'autre et dont naît la beauté naît de leur conflit. Je parle notamment de Tom Hanks vs Irrfan Khan (même si son accent est horripilant).
[Spoiler] Inferno a enfin le mérite de moins faire n'importe quoi des langues que ses prédécesseurs. Elles sont logiques, et les acteurs dont la langue n'est pas l'anglais jouent moins mal (même si Omar Sy vacille). On aurait pu espérer que le rebondissement final fasse exception à la grande fidélité de l'œuvre filmée à son géniteur littéraire – que je l'ai redouté ! – mais non, il est bien là, aussi dégueulasse et frustrant que dans le livre. Alors ce film, c'est un spectacle de qualité, mais grandiloquent et en grand manque d'émancipation.
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