Un bon film.
J'apprécie de retrouver les œuvres de Dan Brown au cinéma. Comme je n'ai lu que le Da Vinci Code, c'est toujours appréciable que les réalisateurs nous facilitent ce travail. Surtout que ce film est mieux, à mes yeux, que les deux précédents opus. L'adaptation de son best seller avait été plutôt ratée, pâle copie du roman, et Anges et démons, quoique bien réalisé, m'avait paru trop compliqué avec une fin particulièrement décevante : on quittait la piste des illuminatis pour se pencher sur les ambitions personnelles d'un évêque.
Cette histoire, selon moi, est plus intéressante car elle soulève des questions qui font écho aux grands défis de l'humanité aujourd'hui : la surpopulation et la surexploitation des ressources à travers des œuvres de la littérature et de la peinture qui portent sur "L'Enfer". Non seulement, on s'instruit, on découvre notamment certains aspects de la vie de Dante inconnu du grand public, le tableau impressionnant des cercles de L'enfer de Botticelli, visite de grands monuments d'Italie et de Venise mais en plus, on poursuit un jeu de piste digne d'un thriller. Incontestablement, je préfère ce type d'enquête, culturellement et moralement plus riche à celles plus classiques qui sont policières et qui portent sur de banals meurtres en série. En prime, j'ai aimé dans les premières scènes, les images qui nous rapportent les troubles de la vue et les visions de Langdon. Plutôt bien fait cette plongée intimiste par caméra interposée.
Maintenant, il faut reconnaître que le scénario est une fois de plus trop tiré par les cheveux. Je comprends la vision du tueur qui nous est expliquée mais je trouve que les recherches de sa compagne ne sont pas crédibles. Si elle a été à ses côtés pour mettre en place ce plan, elle fait appel à trop d'interlocuteurs différents pour le comprendre : la société de sécurité privée, puis l'O.M.S et enfin le Professeur Langdon. De même que l'on nous explique mal les raisons qui ont poussé le chef de la compagnie de sécurité a kidnappé Langdon, lui faire une injection pour le rendre partiellement amnésique, une méthode qui va en fait provoquer l'inverse de l'effet recherché. Bref, une certaine confusion dans la trame du scénario.
Mais bon, les symboles à décoder sont toujours aussi impressionnants et il faut vraiment avoir l'œil de Langdon, ce Sherlock Holmes des temps modernes, pour interpréter. J'ajouterais pour ma part qu'il y a quand même des points symboliques que l'enquête n'a pu éclaircir : Langdon remarque que l'illustration de Boticelli est dans le désordre, les sanctions non articulées aux péchés selon leur nature à la différence de l'œuvre originale. Un indice qu'il perçoit mais n'interprète pas. Il ne remarque pas non plus ce paradoxe insoutenable qui est au cœur du châtiment conçu par le tueur : la peste est une maladie du manque d'hygiène qu'il souhaite transmettre par l'eau, l'élément qui véhicule la propreté. Comme avec Dan Brown, j'ai tendance à croire qu'il y a peu de hasards, je vois cela comme le signe, le reflet de l'esprit d'un monde qui devient si contradictoire qu'il en devient chaotique au point même que les châtiments perdent leur sens. Car si le criminel dans cette affaire a raison sur l'analyse des maux qui frappent la société, il se compromet par contre dans le choix de la solution adoptée. Enfin, notons tout de même que la problématique de l'eau se pose bel et bien dans notre monde actuel à cause de la pollution chimique, du gaspillage de l'eau potable et du réchauffement climatique. Qui sait ? De nouvelles épidémies pourraient naître (autre que la peste)...