Ce sacré Johnny Depp, embourbé ici dans une comédie d’action qui ferait passer les OSS 117 pour des films d’auteur, s’enfonce toujours d’avantage dans les marécages douteux du radotage. Star omniprésente de cette foutraque adaptation des aventures du célèbre Charlie Mortdecai, le comédien prouve une nouvelle fois, si besoin est, qu’il n’est plus l’acteur de jadis, du moins qu’il n’est plus gage de la moindre qualité. Ergotant sur le port de la moustache, se dandinant en caricature de du gentleman britannique passé, s’efforçant d’appuyer toutes ses expressions, l’acteur est pour l’occasion plus irritant qu’il ne l’a jamais été. Si je m’acharne sur le comédien, en premier lieu, c’est bien parce qu’il est incontestablement le premier fautif de cette mascarade, notamment en tant que producteur. Qu’on se rassure, le reste ne vole pas bien haut non plus, du réalisateur, David Koepp, tâcheron impotent, aux autres comédiens, Gwyneth Paltrow, exécrable ou encore le pauvre Ewan McGregor, formidable gâchis.
Les appréciations déplorables des critiques et du public lors de la sortie en salle de cette comédie s’avèrent alors tout-à-fait justifiées. Difficile de concevoir que l’on puisse injecter de l’argent pour commettre un tel forfait artistique. Et pourtant. La présence du grand Johnny, oui toujours lui, aura permis aux distributeurs de se ruer sur l’objet, ce qui nous est fort déplaisant. En effet, une sortie en VOD nous aurait été plus gratifiante. Nous aurions alors évité de mettre naïvement le nez dedans, nous épargnant une petite séance déplaisante de niveau zéro du cinéma. Oui, après The Tourist et Transcendance, Johnny Depp nous démontre qu’une carrière ne peut parfois ne tenir qu’à un maigre fil. Espérons pour lui que ses prochaines apparitions seront salvatrices. Mais passons.
Que dire d’avantage de cette mascarade, appelons Charlie Mortdecai définitivement de la sorte, si ce n’est qu’il n’a rien à offrir? Pour être plutôt bon public, je m’étonne parfois moi-même, je ne trouve pourtant ici une quelconque matière à la réjouissance. Tout est faux, tout est bidon, des dialogues à la photographie, des interprétations au scénario. Un échec cuisant, et je pèse mes mots. Lorsqu’on dit que le cinéma dépérit, gentiment mais sûrement, ce type de film n’est là qu’en vue d’appuyer le propos. Inutile de s’appesantir d’avantage sur une telle farce. 02/20