Un film très original, qui mélange le fantastique, le magique, l’ irrévérence et un grain de folie . C’est comme si « Amélie Poulain » et sa féerie quittait son monde de bisounours pour être transposée dans le monde de Kerven et Delépine. Le scénario de base est très original, l’idée de raconter Dieu , le vrai , et de voir ses enfants , d’abord J.C., le plus célèbre , puis une Jeune fille, sa sœur Ea, et de suivre leur arrivée sur terre est passionnante . Beaucoup d’astuces et d’ingéniosité : la machine à laver comme tunnel d’accès au monde, les SMS annonçant la date de la mort de chacun, la recherche des apôtres, les clins d’œil au texte sacré : la multiplication des pains, la fille de dieu qui marche sur l’eau. On sourit souvent, mais on rit peu. A noter l’incohérence (pour ne pas dire la tromperie) de la bande annonce qui montrait les 5 seuls gags du film. Ne surtout pas s’attendre à une comédie, quelle erreur, beaucoup de spectateurs seront déçus. Le film difficilement classable est, un conte onirique, une farce grinçante, satirique, moqueuse. Le film bascule parfois dans la facilité , et veut faire « tendaânce » surtout vers la fin , en abordant des sujets délicats et défendre certaines « causes » « , avec la zoophilie/mixité allégorique de Deneuve ( clin d’œil au film « Max mon amour » de Oshima , avec Charlotte Rampling, très controversé à l’époque ). La « mixité » zoophile, sociale , ?! Le couple se reproduit même au final, avec la naissance d’un enfant . Puis avec l’arrivée du dernier apôtre, petit garçon qui veut s’habiller en fille ,qui met une robe ,on aborde le transgenre , la fille de Dieu aime cet androgyne . La fille embrasse la fille qui est un garçon. C’est un peu too much, et on veut choquer pour choquer, mais on est aussi dans un schéma de déconstruction. Il faut par contre mentionner la grande poésie du récit, et dans cette même phase finale de grands moments de cinéma : Sur la plage belge où sont réunis tous les mourants du jour il y a ce Boeing qui va venir s’écraser , c’est beau , c’est hallucinant ,et enfin le personnage de la déesse va les sauver in extremis, puis elle va alors colorier le ciel avec des backgrounds de fleurs, c’est une très belle idée , magnifiquement réalisée, c’est l’arrivée du paradis sur terre. Tout le monde est heureux, Dieu ( Déesse) est enfin un gentil dieu qui intervient dans la vie des hommes pour faire le Bien . Ce qui répond à la principale interrogation sur l’existence de Dieu, pourquoi n’intervient-il pas sur les évènements terrestres ? Un final époustouflant , magique et lyrique . A noter l’ excellent jeu de tous les acteurs,( bravo pour la direction d’acteur de Jaco van Dormael ) ,avec une prime particulière pour la jeune Pili Groyne, qui est excellente dans ce rôle complexe et tourmenté ,et très loin du conte enfantin. Elle joue très juste, toute en finesse, et valide tout le postulat du film qui reste une œuvre unique dans son genre, avec une réalisation pleine de brio et de maestria .