(...) c'est ce vertige qu'Hermanus veut donner à comprendre, celui d'une société coincée entre les séquelles du passé et l'absence de perspective politique et humaine. Durant tout le film, la musique de Braam du Toit soutient efficacement les ambiances, de même que l'épure des cadres et lumières du chef opérateur Chris Lotz pour arriver à des portraits d'une grande intensité. En divisant le récit en trois parties sur les noms des protagonistes, c'est bien en quête du ressenti des individus qu'Oliver Hermanus se situe, au-delà de son intrigue de film noir. La détresse intériorisée de Tiny fait écho au désarroi et aux explosions de Gilles. C'est pourtant ce couple impossible qui va se constituer, les seuls à ne pouvoir faire le deuil et se chercher un autre devenir que les solutions excluantes que se trouvent leurs communautés.
(...) Ce film sur le fil sait se détacher des genres qu'il convoque pour mieux laisser entendre le cri des êtres face à la violence du monde, un cri qui résonne bien au-delà des frontières sud-africaines.