Les scandinaves ont eux aussi un sens de l’humour plutôt pointu et noir, la preuve en est de ce roman à succès, adapter ici à l’écran par Felix Herngren. Sous un titre à rallonge qu’il me serait impossible de coucher sur le papier dans sa version originale, en suédois, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire est un produit typiquement formaté, une comédie exubérante qui use et abuse des invraisemblances et des quiproquos. A ce titre, le film est drôle, savoureusement amoral, délicieusement rythmé. Mais le film possède-t-il d’autres atouts que ceux permettant de rire jaune des mésaventures d’un vieillard centenaire ayant embarqué par ignorance le magot d’un gang de motards ? Oui, tout est question ici d’inconscience et la réponse est non. Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire n’est pas pleinement suffisant, en tant que tel.
Drôle, certes, mais souvent brouillon, le film de Felix Herngren s’apparente, faute d’une logique certaine, à l’exercice de Johnny Knoxville grimé en grand-père déjanté dans Bad Grandpa. Oui, ce film est un délire, adapté d’un livre qui en était lui-même un. Papy vole, papy planque des cadavres, papy s’échappe, et ainsi de suite, toujours à contre-courant d’une certaine logique. Chaque individu croisé sur sa route devient du même coup un nouveau compagnon, tous sans doute très inspiré par le magot que le vieillard trimballe dans une valise. Mais les méchants ne sont pas loin. Ils ne sont surtout pas très malins.
Oui, le postulat est limpide. Voilà un gros morceau de n’importe quoi. Un acteur maladroitement grimé en vieillard centenaire, des compagnons de route de tous horizons, tous passablement caricaturaux, des méchants complètement ignares, voir ringards, et que l’aventure commence. On ne crache certes pas, de coutume, sur un film comique qui fait rire, en première intention, mais la faiblesse d’une telle fable est très rapidement distinguable. Si à l’instar des britanniques, l’on semble rire de tout en Suède, sans pour autant exagérer ni outrepasser une certaine morale, le public européen traditionnel n’est sans doute pas aussi ouvert.
Bref, un film dispensable, une comédie passablement grotesque qui redonne le sourire mais qui ne pousse pas franchement à s’extasier, c’est le moins que l’on puisse dire. Les flashbacks, narrant la jeunesse du vieil homme sont légions et s’avèrent finalement dérangeant, alors que dans le présent, il y avait indiscutablement matière à raconter une histoire captivante. On se demande bien quel rapport peut-il y avoir entre le vieil homme, sa histoire actuelle, et cette propension à tout faire sauter, dans sa jeunesse. 07/20