Impossible de ne pas penser à « Forrest Gump » devant « Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire » tant il y a de similitudes. A mes yeux, c’est une sacré référence car le film de Robert Zemeckis fait parti de ces moments de cinéma un peu magiques dont on se souvient très longtemps. Le film du suédois Felix Herngred est donc une sorte de « Forrest Gump », en plus loufoque, en plus « cheap », en plus décalé, en plus « européen » aussi et en moins tristounet. Les aventures d’Allan sont évidemment improbables, mais çà n’a aucune importance car on est plus ou moins devant une fable. Les personnages sont surréalistes (et interprétés avec talent par des acteurs scandinaves forcément inconnus ici), les situations le sont encore plus mais çà fonctionne comme sur des roulettes. L’histoire se déroule sur deux plans, le périple d’Allan et de ses compères, poursuivis par les hells-angels et la police (par un policier très débonnaire) d’une part, et une multitude de flashes back nous entrainant tout au long de la longue vie d’Allan pendant tout le XXème siècle d’autre part. On alterne les deux époques sur un rythme rapide, il n’y a pas vraiment de temps morts. Les scènes s’enchainent, les rires aussi et franchement, par moment c’est vraiment très drôle ! Ce sont surtout les flashes back qui donnent lieu aux scènes les plus bizarres et les plus drôles. L’humour absurde est bien entendu à l’honneur,
avec une scène savoureuse d’évasion du goulag entre Allan et Herbert Einstein (le frère d’Albert, des deux frères, Albert à pris 199% de l’intelligence et laissé 1% à Herbert), ou encore la scène de Reagan refusant qu’on détruise le mur qui abrite les roses de son jardin et qui changera la face du monde.
Mais parfois l’humour se fait plus subtil, comme le toast porté par Franco. Comme Forrest, Allan traverse les évènements avec passivité, les choses arrivent grâce à lui mais malgré lui (et souvent quand il est bourré !), « les choses sont ce qu’elles doivent être » lui avait dit sa maman sur son lit de mort. On peut alors reprocher au film de faire une certaine apologie de la médiocrité (et de l’alcoolisme !), c’est sur. Et dans un film qui ne se voudrait pas clairement farfelu ce serait recevable. Mais franchement, là, c’est juste une fable, alors c’est comme la crédibilité historique ou politique, alors on s’en fiche un peu. En y réfléchissant, je ne sais pas quel reproche on peut faire à cette adorable comédie suédoise, bien filmée, bien équilibrée, bien interprétée, on passe deux heures dans un univers clownesque très sympathique, on rit beaucoup, on s’attache à des personnages (même les méchants) hauts en couleur, avec une mention spéciale pour le vendeur de hot dog « presque » tout : « presque » psychologue, « presque » médecin, « presque » diététicien, « presque » zoologue, etc… Les scènes les plus faibles sont celles avec le policier, sorte de jumeau moderne d’Allan, passif et tellement débonnaire qu’il en parait étrange. Ce film est comme une bouffée d’air frais et franchement, au milieu de l’atmosphère de plus en plus irrespirable qui est la nôtre aujourd’hui, çà ne peut pas faire de mal, au contraire !