La 1ère scène de dialogue prend aux tripes, c’est une rupture, les mots choisis sont durs mais c’est très beau, bien dit, intense, bien interprété.
Ondine vient de quitter Paul. Pour se venger des femmes, celui-ci fait la rencontre de Camille et passe la nuit avec elle. A son réveil, la jeune femme lui jette un sort pour qu’il ne lui appartienne plus qu’à elle.
Il y a de très belles images, notamment la forêt, géométrique, les plans sont très esthétiques, soignés.
La musique envahit l’espace mais dans le bon sens du terme, elle donne du sens aux images et permet de faire monter une tension, c’est très beau. Une très belle scène est notamment celle de la rencontre entre Paul et Camille, dansant sur une scène, c’est très poétique et théâtral.
Le théâtre est d’ailleurs très présent dans la façon de décliner les “répliques” (la plupart du temps les personnages échangent en vers), basés sur des poèmes écrits par Grégoire Leprince-Ringuet. J’ai d’ailleurs cru d’abord à la revisite d’une oeuvre classique que je ne connaissais pas ou à la relecture d’un mythe ancien ou d’un conte.
On retrouve d’ailleurs tous les ingrédients du conte : le personnage ami, l’élément perturbateur, la magicienne, les objets symboliques donnant du pouvoir à ceux qui les possèdent, ainsi que le fantastique et le merveilleux.
Les dialogues en vers donnent une dimension classique, tragique et dramatique que j’ai aimée.
J’ai peut-être regretté que ce côté théâtral soit un peu trop présent, je me demande s’il n’aurait pas pris encore plus de sens uniquement sur les scènes particulièrement importantes, charnières. D’ailleurs, lorsque les personnages de Paul et Ondine discutent entre eux, ce qui n’arrive qu’à certains moments du film, l’utilisation des vers me semble plus naturelle, je ne sais pas si cela vient de l'interprétation des acteurs ou du fait qu’on est sur des scènes très intenses et importantes pour les deux personnages. J’ai en tout cas particulièrement aimé leurs “affrontements”.
Le film aborde plusieurs thèmes et amène à la réflexion : sur l’amour, la haine, le pardon, la rupture, la continuité de l’amour, la recherche de celui-ci…
L’histoire est classique mais elle prend une dimension intéressante et originale de par son interprétation en vers qui amène une tension et une dramaturgie, j’ai également aimé le fait que ce conte se déroule dans une période moderne, ce qui crée un décalage entre le fond et la forme.