Et si, un jour, le conflit israélo-palestinien s'achevait une bonne fois pour toute ? Aujourd'hui, un ancien danseur de salon revient dans sa ville natale à Jaffa afin de mettre sa pierre à cet édifice de paix. Berceau de cette mixité sociale et culturelle, la ville va d'abord réagir avec distance à l'offre que Pierre Dulaine lui propose : celle de rassembler écoles israélienne et palestinienne dans un concours de danse...
Nous sommes confrontés ici à un récit, par essence, inattaquable. Ayant la très belle idée de réunir jeunes israéliens et palestiniens par l'intermédiaire de la danse, l'ancien champion du monde nous donne une pure leçon de tolérance. Ce n'est pas le conflit de tous ces enfants, naissant dans une société déjà divisée entre deux mondes bien distincts, où gentil et méchant changent de camp en fonction du point de vue qu'on prend. Mais cette guerre qui les dépasse est celle de l'ancienne génération, n'arrivant pas à sortir d'un passé sanglant et meurtrier.
Malgré la beauté du geste, on reproche à Hilla Medalia de prendre parfois ses distances avec l'élément narratif principal pour aller du côté des portraits individuels. Très touchants et plutôt réussis quoiqu'un peu larmoyant à certains passages, cette percée dans l'intime casse le premier thème du film, qui est celui de l'universalité. On aurait voulu que la réalisatrice insiste plus sur le rapprochement entre les deux peuples, et la difficulté qu'ont eue les enfants à créer des liens entre eux en balayant tous les préjugés qu'ils auraient pus entendre auparavant.
En dépit de ce choix contestable, l'israélienne nous montre étape par étape combien il est difficile pour le danseur de mener à bien son projet. L’obstacle de la religion musulmane se met d'abord sur sa route en interdisant aux enfants de se toucher. Puis vient la contrainte ethnique qu'on connaît tous mais malgré ces difficultés, on sent la volonté qu'a Dulaine de vouloir réunir ces peuples. Alors quand la caméra finit par saisir ces instants où Israéliens et Palestiniens dansent ensemble, cela nous donne forcément une note d'espoir, minime certes, mais qui prouve que ce conflit peut un jour s'arrêter.
Une nouvelle fois, l'art enregistre une nouvelle victoire face aux défaites quotidiennes de l'humanité. Celle de la danse, réunissant à rendre fier et libre des corps qui ne le sont pas toujours. Et celle du cinéma, moyen médiatique de prêcher la bonne parole, et témoin direct de ce geste pacifique.