Je n’ai jamais été un grand fan de la Bande à Fifi (sympathique mais faible programme court de Canal ) et j’ai rapidement crié au scandale en voyant la bande-annonce de ce "Babysitting", annoncé comme terriblement innovant mais qui ressemblait terriblement à un pillage en règle de "Projet X" ! Cette opposition de principe a, cependant, été un peu atténué par le succès phénoménale du film et, surtout, de l’incroyable côte de sympathie qu’il a suscitée (et pas uniquement auprès des adorateurs de "Touche pas à mon Poste" !). La sortie du deuxième opus a, donc, été l’occasion de donner une chance à "Babysitting"… et j’avoue ne pas avoir été déçu ! Tout d’abord, malgré la bande-annonce trompeuse, le film n’a pas tant été inspiré par "Projet X" (seul le principe de l’immense baraque bousillée par une fête est repris mais il ne constitue pas l’intérêt principal du film) que par le générique final de "Very Bad Trip" (avec les photos qui reconstituent les événements oubliés par les héros). Le concept est, donc, simple : une ellipse scénaristique comblé par une vidéo retrouvée inopinément et qui va permettre de recoller les morceaux. Malgré toutes les réserves qu’on pourrait opposer à cette idée façon found footage (à commencer par sa justification discutable par moment puisque cette vidéo suppose que les personnages se filment à des moments pas forcément appropriés), je dois bien admettre que je me suis laissé emporter par l’enthousiasme collectif de ce groupe de potes et par la fraîcheur plus que surprenante de la mise en scène. Il ressort de "Babysitting" une véritable alchimie qui fait plaisir et qui s’explique, notamment, par le fait que Philipe Lacheau, (qui cumule les casquettes de réalisateur, acteur vedette et scénariste) a réuni une bonne partie de sa bande (Tarek Boudali, Julien Arruti… mais pas Reem Kherici) et de potes bien connus du jeune public (Alice David, Vincent Desagnat, Charlotte Gabris, Grégoire Ludig et David Marsais du Palmashow…)… et les a tous servis avec des rôles franchement hilarants. La complicité entre ces jeunes acteurs est transcendée par les images en food fountage, qui offre une proximité intéressante mais qui confère, également, au film un cachet "amateur" (et, donc, authentique) qui aide à s’identifier aux personnages. "Babysitting" ne tombe pas, pour autant, dans le pièce du "film d’étudiant fauché mais tellement sympathique" puisque les réalisateurs (Philippe Lacheau donc, mais également Nicolas Benamou) ont eu la bonne idée d’utiliser les images vidéos en appui des prises de vue dites « traditionnelles » (ce qui rend l’histoire plus abordable à un public plus large). Mais, surtout, ils multiplient les trouvailles, souvent simples mais terriblement efficaces, tant sur le plan des gags
(le SMS sexuel collectif et ses conséquences, la casquette du gosse et son doigt tendu, le cigare de Monsieur Schaudel qui a connu bien des malheurs, les remarques déplacées du flic pendant le visionnage de la vidéo, la collègue qui raconte ses histoires de « ken » à sa mère…)
que sur le plan visuel
(le sort du voisin qui ressemble au vieux dans "Là-haut", la poursuite façon Mario Kart…)
. J’ai d’ailleurs, trouvé que les "cascades" du film étaient vraiment surprenantes car, piour une fois dans un film français, elles sont réellement immersives. Le film s’offre, enfin, une certaine respectabilité en débauchant quelques acteurs plus connus, qui viennent crédibiliser l’entreprise (Gérard Jugnot en patron tyrannique, Clotilde Coureau en mère inquiète, David Salles en commissaire désabusé, Philippe Duquesne en flic balourd…). Quant au gosse (qui est souvent le point noir de ce genre de production), il est interprété par le jeune Enzo Tomasini, qui nous réserve quelques répliques assez épatantes. Certes, "Babysitting" a, parfois, tendance à se montrer un peu poussif avec des vannes parfois un peu attendues et une morale prévisible
(la père pas assez attentif à son fils, le héros qui se croit looser avec les filles alors qu’il a tapé dans l’œil de la bombe qu’il croit inaccessible…)
. Mais l’attente était tellement faible pour ce film et, surtout, la réussite est tellement éclatante qu’il serait vraiment injuste de leur en faire le reproche. Philippe Lacheau vient de frapper un grand coup… et sera désormais attendu au tournant !