Si ça n'avait tenu qu'à moi, je ne serais pas allé voir ce film. Athée convaincu, ayant grandi à Versailles et ayant connu là-bas un abyssal ennui lors de régulières séances de catéchisme, le sujet de "Au nom du fils" était censé rendre grise une fin de journée printanière.
Mais en croisant le prolixe Jacky Nercessian avec qui j'échange de temps en temps de souriantes considérations, celui-ci m'incita à aller le voir, car il évoque un thème des plus problématiques, celui des dérives orchestrées par quelques hommes d'église.
Projeté uniquement et c'est regrettable, à L'UGC Ciné Cité des Halles, mon intuition et moi-même allions nous asseoir là-bas.
Elisabeth, campée par la convaincante Astrid Whettnall, est une mère de famille exemplaire, tenant de main de maître une maison en meulière emplie de bonnes ondes et de spiritualité. Quotidiennement, elle joue les Macha Béranger sur Radio Espoir chrétien, en dialoguant avec les auditeurs curieux des mystères confus de la religion. Elle est assistée du Père Achille, apportant les mains jointes sa science et les précisions nécessaires en citant de longues phrases qu'il trouve souvent rassurantes. Elisabeth noue une véritable complicité avec le bon curé, en le logeant même chez elle.
La vie ne faisant pas de cadeaux, son mari rejoint l'au-delà lors d'un stupide accident de chasse; mais la foi étant pour elle l'airbag de la tristesse, elle fait face courageusement, aidée là encore par la présence du père Achille aux mains jointes.
La vie ne ménage décidemment pas la bienveillante Elisabeth; dans des circonstances embarrassantes, elle apprend que son pré ado de fils est abusé par le Père Achille aux mains pas toujours jointes et que ce faux-jeton de curé est la cause du suicide du petit blondinet.
Elle tente alors d'éveiller les hautes instances du clergé et se retrouve face à un évêque ( Jacky Nercessian ) qui, pour être poli, la fait pour la première fois douter du bien fondé de sa foi chrétienne.
Séisme sous le serre-tête de la maman endeuillée, fuck Christ roi, au diable les politesses et la bienséance en pantacourt, Elisabeth va faire justice elle-même en allant visiter les écclésiastiques suspectés de prendre de jeunes communiants pour des sextoys faits de chair et d'os.
Cette comédie acide fait la lumière sur l'hypocrisie d'un petit nombre hommes ayant choisi leur bonne voie et surprend par sa brutalité mais aussi par la subtilité que distille l'actrice principale dans sa démarche de justicière des bénitiers, qui jusqu'au bout aura cru que son locataire en aube était un mec bien.