Encore un film portant la mention Tarantino approved ! Attention cependant à la marque Tarantino, le réal ayant parfois des goûts de merde, pour preuve le film Kick Ass 2 qui figurait dans sa top list des meilleurs films de 2013 ! Big Bad Wolves n'est certainement pas le film de l'année, mais c'est une excellente surprise dans le genre souvent médiocre du torture porn. Mais qu'est ce donc que le torture porn? Le terme anglais « torture porn » définit depuis le début des années 2000 un sous genre cinématographique du cinéma d'horreur et d'exploitation apparu depuis longtemps déjà. Il s'agit d'histoires dramatiques, souvent désespérées et rarement avec un happy end, où des individus vont se retrouver à la merci de sadiques pervers agissant en solo mais aussi quelquefois en groupe. Les victimes seront soumises à toutes sortes de brutalités, de tortures et autres atrocités qui les mèneront généralement à une issue fatale. Souvent jeunes et belles, elles n'échapperont pas à toutes sortes d'atteintes à leur sexualité (viols, tortures à caractère sexuel, prostitution forcée). Ces éléments font donc de ces films un exemple-type du cinéma d'exploitation. Le torture porn ne donne que très rarement de bons films, mais en 2014, un long métrage venu tout droit d’Israël redistribue les cartes de ce genre devenu moribond. Ce qui frappe le plus dans ce film (à part le marteau et les paluches du héros), c'est la rigueur technique avec laquelle les réalisateurs se sont approprié le genre. Photo superbe, cadre hyper composé et ambiance sonore au top. Là où les deux mecs sont balèzes, c'est d'être arrivé à mettre de l'humour dans une histoire sordide au possible. Aharon Keshales et Navot Papushado ont injecté à leur film un humour noir déstabilisant qui provoque surprise et jubilation chez le spectateur. Big Bad Wolves est également une réflexion sur l'état mental du mâle israélien. Chaque personnage à des secrets enfouis et ces derniers sont loin d'être reluisants. Un des personnages qui de prime abord ressemble à notre bon vieux pépé sympa, se métamorphose sans sourciller en bourreau de la pire espèce. Le film nous fait comprendre que le pépé a déjà pratiqué les interrogatoires musclés et que ce dernier est ravi de remettre la main à la pâte. Cette scène fait directement écho au conflit israélo-palestinien et montre que derrière un petit papi israélien lambda, se cache parfois un ancien tortionnaire. Big Bad Wolves radiographie l'état d'esprit d'un état ultra militarisé, état en guerre permanente depuis des décennies, état qui peut produire une véritable psychose chez certains de ses résidents voire même une hérédité de la violence. Les réalisateurs prônent également un message pacifiste en créant un personnage arabe, qui tel Clint Eastwood dans Pale Rider, se ballade sur son cheval avec classe et mystère. L'arabe aidera notamment un des personnages principaux, héros interprété avec talent par l'acteur Lior Ashkenazi. Bon...Big Bad Wolves reste un film de genre, on n'a pas vraiment affaire à un film politique il va s'en dire. Et dans le genre, Big Bad Wolves envoie le bois. Scènes stressantes à souhait, retournement de situations et violence hardcore filmée frontalement sont au menu. Les grands méchants loups du film ne reculent devant rien. Mais pour une fois, les scènes sanguinolentes sont conçues avec intelligence et talent. Elles ne viennent jamais dans la gueule du spectateur de manière gratuite. Il y a un background qui permet de comprendre et de mieux appréhender la violence graphique du film, tout le contraire des 80% de la production de torture porn actuelle. Big Bad Wolves, un vrai bon film!