Le studio Laika, formidable regroupement d’artisans habiles en créations Stop Motion, signe ici son troisième succès après Coraline et l’Etrange pouvoir de Norman. Les Boxtrolls, dirigé par le tandem Graham Annable et Antony Stacchi, s’affiche comme le plus exubérant, le plus coloré des films du studio. Parabole plutôt convaincante du rejet social, le dernier né des studios Laika s’adresse aussi bien aux petits qu’au plus grand, à son avantage. Relativement simple, le film n’en demeure pas moins subtil dans sa manière d’aborder une problématique concrète, avec une certaine habilité graphique et un humour bien plus subtil que celui déployé chez la concurrence. En somme, malgré le respect des codes stricts du film d’animations, voilà sans doute le film d’animation le plus mature de l’année fraichement écoulée.
Le Stop Motion offre une valeur artisanale indéniable aux Boxtrolls. Esthétiquement remarquable, quelque part entre le travail de Tim Burton et les plus colorés des films d’animation du moment, la légende de Manolo, notamment, le produit se visionne avec une certaine délectation. Les textures sont soignées, les détails expressifs sur les visages excellents, les décors très fins, suffisamment détaillés sans pour autant que la magie en soit définitivement balayée. L’ambiance musicale, là encore, bénéficie d’un savant dosage. Ni trop ni trop peu. C’est finalement ce qui caractérise la technique, la mise en scène du film.
Notons également la qualité de certains des personnages, charismatiques, notamment et plus précisément celui du grand méchant. Le bonhomme, pouilleux de son état, malhonnête et conspirateur parmi les plus rebutants dans le domaine du film d’animation, amène suffisamment de poivre et de sel au récit pour que celui-ci prenne des tournures parfois étonnantes. Il est vrai, en contrepartie, que beaucoup d’intervenants animés ne sont pas à la hauteur des rôles principaux. Par ailleurs, les fameux Boxtrolls, mignons comme tout, n’ont qu’une valeur mitigée, d’avantage un prétexte que de véritables participants à cette histoire. Accessoirement, la scène finale démontre l’inégalité entre les différentes bonhommes, sans compté sur une légère surenchère d’effets visuels en rapport au reste du film.
Voilà donc un film d’animation des plus convaincants. Touchant, drôle, bien réalisé, soigneusement narré, les Boxtrolls remplissent aisément leur contrat et réveillent les adeptes d’un tel cinéma artisanal ce faisant trop rare. Bien loin des autoroutes du succès sur lesquelles se déplacent les grosses firmes hollywoodiennes, Disney, Pixar ou encore DreamWorks, les studios Laika démontrent ici qu’il y a toujours de la place pour l’inventivité, ici conjuguée à une bonne vieille méthode de tournage qui depuis longtemps aura fait ses preuves. Dans l’attente de Shaun le mouton, pour ceux qui ça intéresse, combler le vide et découvrant les Boxtrolls. 14/20