A la vue de la bande annonce, on ne pouvait que sautiller sur place lorsqu’on a découvert le panel de comédiens qui étaient à l’affiche de « Spotlight ». Curieux et impatients, nous nous sommes délectés du dernier film de Tom McCarthy et ressortons de la projection plus que ravis !
Inspiré de faits réels, le film nous présente l’enquête journalistique menée par le « Boston Globe » en vue de dénoncer un réseau pédophile découvert au sein de l’Eglise catholique. Récompensée par le célèbre prix Pulitzer après avoir défrayé la chronique, la publication du journal n’a pas manqué de susciter l’intérêt de nombreux cinéastes et c’est finalement Tom McCarthy qui l’a portée à l’écran. Acteur et réalisateur, l’Américain de presque 50 ans n’a pas démérité les éloges dont il a été l’objet ces dernières semaines. Mais avant d’évoquer son travail et celui de ceux qui incarnent les journalistes de la rédaction bostonienne, parlons du sujet et de l’angle choisi par le metteur en scène
Très documenté, hyper bien amené, le sujet délicat de la pédophilie au sein de l’Eglise et l’enquête dont l’institution œcuménique a fait l’objet, est traitée avec intelligence et objectivité. On s’étonne d’ailleurs qu’au début des années 2000, une abomination d’une telle ampleur puisse encore avoir lieu. Mais la difficulté que rencontrera notre équipe sera de remonter le temps et retrouver les victimes abusées dans les années 80, faire la part des choses et accéder à des dossiers scellés et bien gardés.
Bien plus prenant qu’un documentaire sur la profession, « Spotlight » met en lumière tout le travail journalistique réalisé en aval d’une publication redoutable sur une affaire hautement délicate. Les journalistes professionnels confirmeront peut-être notre impression de réalisme car les stratégies usées pour obtenir des informations, le bagout dont font preuve les différentes journalistes et les coulisses d’un métier somme tout peu connu du grand public, sont présentées minutieusement et semblent être raccord avec une réalité à laquelle les lecteurs n’accèdent pas en temps ordinaires. On se sent privilégiés de suivre cette collecte d’informations de si près et on sort grandit de l’expérience vécue.
Après, il faut un peu de temps pour que l’histoire se mette en place et que l’on comprenne qui est qui, quels sont les rapports entre les différents protagonistes et l’enjeu réel d’un papier aussi sulfureux. Une fois informé et la situation clarifiée, on prend un pied total à suivre nos journalistes sur le terrain, au point de faire réellement partie de la rédaction et de se prendre au jeu. Le pari était risqué mais McCarty l’a brillamment relevé.
Et le plaisir cinématographique n’aurait sans doute pas été le même si l’équipe du film n’avait pas été celle-là. Pour notre grand plaisir, c’est une bande de comédiens extraordinaires qui se trouve les projecteurs de ce film étonnant. Mark Ruffalo (« Daddy cool », « Shutter Island », « New York Melody » « The kids are all right » Michael Keaton (formidable « Batman », incroyable « Birdman »), Rachel McAdams (« Un homme très recherché », « La rage au ventre », « Welcome Back »), Liev Schreiber (remarquable acteur et notamment dans son dernier rôle de joueur russe – voir « Le prodige » sur notre site), John Slaterry (« Mad Men »), c’est presque trop beau pour être vrai ! Tous incarnent leur personnage de façon magistrale. Là où Ruffalo rue dans les brancards, John Slaterry, Michael Keaton ou Liev Schreiber actionnent les manivelles et côtoient les hautes sphères où silence et méfiance règnent en maîtres, alors que Rachel McAdams, touche féminine du casting, s’attire les confidences des victimes et avance avec conviction dans l’enquête et ce, malgré une tradition familiale religieuse. Issus de milieux différents, dotés de caractères opposés, ils avancent tous dans la même direction : celle qui mène à une vérité difficile à entendre.
Très bon, bien que parfois un peu confus (surtout dans ses débuts), « Spotlight » reste une belle découverte et un « must to see » pour les faits qu’il décrit et le casting de choix qu’il propose. Malgré tout, on ne sait pas réellement s’il rencontrera son public car s’il a bonne presse, le film concernera sans doute une poignée d’initiés ou de cinéphiles et se fraiera un petit chemin jusqu’aux Oscars où il récoltera peut-être une jolie statuette ?