Bon, autant dire qu'un film sur des prêtres pédophiles, ça va être dur à aborder, mais je vais essayer sans être trop frontal.
Spotlight m'a retourné. Voilà.
Pourtant, rien n'aurait pu être là pour me retourner, car le film est extrêmement convenu et académique, et sur énormément de points.
Pour prendre un exemple bête, la musique est composée par Howard Shore, on parle tout de même du mec qui a fait la musique du Seigneur des Anneaux, qui nous a pondu des thèmes épiques à souhait, et qui nous offre ici un thème au piano un peu récurrent, parfois un peu accéléré ou ralenti, mais qui n'est là que pour servir un propos.
Et on se rends bien vite compte que tout, absolument tout, est là pour servir le propos, voilà pourquoi ce film est important, et voilà pourquoi cette critique risque d'être très courte.
La réalisation, le cadrage, tout est très simple (et pas simpliste), des plans larges, fixes, parfois un peu de mouvement quand les personnages accélèrent, des champs-contrechamps, bref...
Les performances d'acteurs sont elles-mêmes très sobres. Tous les acteurs sont excellents. Michael Keaton est selon moi un peu en retrait, tout comme Rachel McAdams. Liev Schreiber dégage une sorte de force tranquille derrière son engagement à mener une enquête cruciale. Stanley Tucci est très juste dans son rôle d'avocat un peu blasé par un système qui milite pour les injustices.
Et Mark Ruffalo, depuis que je l'ai vu ici, vient de passer devant Sylvester Stallone selon moi pour l'acteur qui mérite l'Oscar du second rôle cette année. Il est hallucinant de justesse et possède un tel désespoir et une telle colère dans le regard suite aux évènements de ce film qu'il nous fait partager cette haine qu'il faut mettre dans une telle lutte.
Car oui, l'histoire évoquée ici est une lutte. Contre une injustice, contre un fait qui n'aurait jamais dû exister et qu'on a laissé vivre, s'écouler et beaucoup trop perdurer dans le temps. Le scénario est incroyable et l'enquête menée par ce groupe de journalistes est terriblement intéressante mais vous sortirez du cinéma les lèvres pincées et la mine déconfite avec cette boule au ventre qui vous dira "bordel, mais c'est pas possible".
Ce qui me fait aussi mal, c'est qu'on étiat 4 dans la salle et que ce film, qui mériterait d'avoir une place d'honneur pour que les gens s'intéressent à un cinéma aussi différent et important, n'étiat diffusé que dans une seule salle sur cins quatour de chez moi.
Il ne sera pas là longtemps, donc allez voir Spotlight, et parlez-en.