« Qu’est ce qu’on a fait au Bon Dieu » est une comédie qui vous laissera peu de répit entre deux répliques qui font mouche, entre deux scènes surréalistes, entre deux éclats de rire. 1h37 sans aucune baisse de rythme dans ce domaine, des répliques qui tapent dans le mille quasiment à chaque fois, un humour à la fois moderne et pour tout dire gonflé (et même franchement gonflé parfois !), pas de doute, le film de Philippe de Chauvreron est efficace. Pour une comédie, c’est déjà beaucoup de faire rire franchement et en même temps d’aller assez loin dans l’humour sans jamais franchir la ligne jaune. Je me trompe peut-être, mais je sens l’influence du stand-up dans la démarche de Chauvreron, et pas seulement à cause de la présence au casting, de Fréderic Chau ou d’Ari Abittan. Cette volonté de faire rire sans jamais baisser de rythme, j’y vois l’influence de la nouvelle scène de l’humour française. Au casting, une sacrée brochette de comédiens au potentiel comique immense, de Christian Clavier à Pascal N’ Zonzi, de Medi Sadounn à Noom Diawara, sans oublier les filles avec une Chantal Lauby délicieuse, tout le monde joue sa partition avec une délectation qui se voit à l’écran. La réalisation est somme toute classique, la narration linéaire, et on sait bien d’emblée que tout cela va bien finir par un beau mariage tout en couleur, mais l’important n’est pas là. L’important, au-delà de l’humour, c’est bien le message de tolérance que véhicule ce film, à sa manière. Le scénario enfile des clichés racistes des communautés les unes envers les autres pour les torpiller de l’intérieur, les faire imposer et s’effondrer sous le poids leur propre énormité. Dans ce film, tout le monde à des préjugés sur tout le monde, ce qui donne lieu à des scènes et des répliques qui seraient insupportables dans un autre contexte mais qui, dans le contexte de la comédie sans arrières pensées, sont rafraichissantes. C’est comme quand Jean Dujardin sort des énormités racistes ou antisémites dans la peau d’OSS 117, comme il n’y a pas d’ambiguïté, il peut aller loin. Un exemple ? Quand Charles veut se venger de ses futurs beaux-frères qui viennent de lui faire une crasse, il s’interroge devant le juif et le musulman, « Lequel est David, lequel est Rachid ? Avec les sémites on ne se sait jamais, vous vous ressemblez tellement ! », Wouah ! Voilà une réplique qui n’a pas été osée souvent ! Et puis, il y a quelques touches d’humour absurde aussi, et vous savez combien çà fonctionne sur moi : la scène très courte de la cigarette électronique, ou les scènes chantées de « Il est né le Divin Enfant » et surtout de « la Marseillaise » qui est tellement décalée qu’elle me fait encore marrer au moment où je tape ces mots ! « Qu’est ce qu’on… » pourrait reprocher au film de Philippe de Chauvreron ? De faire un peu dans la caricature ? Certes, la situation de cette famille Verneuil est aussi drôle qu’improbable mais c’est une comédie, il lui faut être excessive. De flirter parfois avec le mauvais goût avec par exemple la scène du début avec le chien dans le parc, une des rares qui ne fonctionne pas et met un peu mal à l’aise. On pourrait aussi considérer que la gourmandise avec laquelle Clavier compose son personnage confine parfois au cabotinage, mais Clavier c’est Clavier, si on veut un acteur qui n’en fasse pas des tonnes, il faut en choisir un autre ! En résumé, il faut chipoter pour trouver à redire au bon moment de cinéma que représente ce film. Quant au message de tolérance qu’il véhicule, certes gentiment, il faudrait être sourd et aveugle pour considérer qu’il est superflu dans le monde d’aujourd’hui. Que les gens se bousculent pour aller le voir à quelque chose d’assez réconfortant.