Alors que beaucoup attendaient de voir si Supercondriaque (marquant les retrouvailles entre Dany Boon, ce dernier étant également à la réalisation, et Kad Merad) allait battre Bienvenue chez les Ch’tis, le film devra se contenter de 5 millions d’entrées (et quelques). En revanche, c’est une autre comédie française qui se fait connaître en cette année 2014, en atteignant sans mal la barre des 7 millions d’entrées. Le succès surprise auquel personne ne s’attendait ! D’autant plus qu’avec un tel titre (Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?) et la notoriété affaiblie de Christian Clavier (notamment à cause de sa réalisation On ne choisit pas sa famille), cette comédie avait peu de chances de s’en sortir. Comme quoi, il ne faut jamais avoir de préjugés, même sur un film !
Claude et Marie Verneuil (Christian Clavier et Chantal Lauby) sont dans tous leurs états ! Exemple-type de la famille française bourgeoise et catholique, ils sont désespérés de voir trois de leurs quatre filles s’être mariées avec des Français issus de l’immigration : un Arabe, un Chinois et un Juif séfarade. Et alors qu’il tente d’enfouir malgré eux leur côté raciste pour faire plaisir à leurs filles et créer un terrain d’entente avec leurs gendres, voilà que la dernière, Laure (Élodie Fontan), annonce son mariage imminent avec Charles (Noom Diawara), un catholique… d’origine africaine. Pour le couple Verneuil, c’est la goutte qui fait déborder le vase !
Cette critique va sans doute être la plus courte de ces derniers jours, n’ayant pas vraiment grand-chose à dire en ce qui concerne cette comédie. Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? remplissant sans aucune difficulté son cahier des charges, à savoir nous faire rire. Et qui, de plus, mérite amplement son succès en salles (bien loin de la qualité douteuse des Profs l’année dernière). Ici, le film démarre en annonçant directement la couleur (nous enchaînons les trois premiers mariages), avant de se focaliser posément sur la quatrième union qui doit avoir lieu. Le temps de s’amuser de tous les clichés racistes qui puissent exister.
Même si le sujet n’est pas nouveau (nous nous rappelons tous du sketch de Muriel Robin, « Le Noir »), il faut bien dire que cette comédie s’avère vivifiante ! Cette dernière déballant toutes les blagues et moqueries qu’elle a à dire pour nous amuser, sans jamais être méchante. En effet, les vannes fusent à une vitesse inimaginable, surfant sur les faux-semblants habituels, et se permettant de toucher au but (le père africain balançant « Tu me prends pour Oncle Bens ?, le Chinois demandant ce qu’il faut faire et sa femme lui disant de sourire « Ah oui, je fais le Chinois quoi ! »…). Tout en proposant quelques situations farfelues (le personnage de Clavier tentant de se calmer en usant de sa tronçonneuse sur les arbres de son domaine) et originales (le flic ne croyant nullement les quatre hommes qui affirment être les gendres de Clavier).
Il faut dire aussi que les personnages qui nous sont proposés composent une bien belle brochette ! Surtout le père africain, joué par Pascal Nzonzi, qui s’amuse comme un fou pour interpréter ce paternel aussi raciste (quoique « traditionnel » serait finalement le mieux adapté) que Clavier. Ou encore le curé, totalement loufoque. D’ailleurs, tous les comédiens, fort nombreux, de cette comédie, se délectent de leur rôle respectif et des situations qu’ils doivent jouer. Que ce soit les femmes (Chantal Lauby, Émilie Caen, Frédérique Bel, Julia Piaton, Élodie Fontan, Salimata Kamate et Tatiana Rojo) ou les hommes (Christian Clavier, Frédéric Chau, Medi Sadoun, Ary Abittan, Noom Diawara, Pascal Nzonzi donc et Loïc Legendre).
Après, ne nous voilons pas la face : Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? n’est pas non plus la comédie du siècle. N’arrivant jamais à nous faire rire aux larmes. Nous livrant juste ce qu’il faut pour nous divertir. D’ailleurs, il faut reconnaître au film sa sobriété. N’allant jamais trop loin dans la loufoquerie de ses situations qui auraient, du coup, dégénérée. Et se finissant là où il faut, c’est-à-dire dès que les premiers signes d’essoufflements se font ressentir (1h33 de film, cela se montre suffisant !). Bref, ce long-métrage se présente comme l’antidote idéal à la déprime et au stress. C’est déjà une bonne chose, non ?
Si nous sommes très loin d’Intouchables ou des Petits Mouchoirs (les dernières comédies ayant été des succès critiques et commerciaux à la fois), Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? n’en démérite pas moins sa notoriété en salles et le bouche-à-oreille élogieux qui s’en suit. Si vous avez le blues, il vous est fortement conseillé d’aller voir ce film, qui vous fera rire sans l’ombre d’un doute. À défaut de nous offrir un orgasme zygomatique, cette comédie vous fera passer un agréable moment.