Une vision atypique d'une pandémie. Kim Sung-Soo est un réalisateur sud-coréen habitué à des grosses productions comme en témoigne son plus gros succès La Princesse du désert. Habitué à des films hauts en couleurs, il hérite de Pandémie, un film d'apparence classique qui semble piocher allègrement sur Contagion ou encore The Host pour le côté infection. Un panier à idées qui a son charme, mais qui a aussi de nombreuses faiblesses.
Des clandestins qui meurent dans un container, des cadavres pestiférant la maladies dans une grande ville à 30km de Séoul (capitale de la Corée du Sud), le parfait cocktail pour un barbecue des plus intéressant. On y suit la propagation du virus sur différents plans et groupes de personnages qui vont tous se retrouver dans la même galère. On y voit plusieurs actions du gouvernement comme par exemple l'abatage des oiseaux au dessus des toits de la ville, la mise en place d'une quarantaine avec un camp de concentration où l'on sépare les sains des malades. La différence entre une pandémie et une épidémie est toute bête, mais autant commencer par là. Une pandémie est une épidémie qui s'étend sur un ou plusieurs continents alors que l'épidémie est la propagation subite et rapide d'une maladie infectieuse, par contagion, à un grand nombre de personnes d'une seule région. Déjà problème, car ce film ne nous montre pas une pandémie mais bien une épidémie. On voit les nombreux modes de transmission (la nourriture, le toucher, les lieux publics, les hôpitaux...) notamment à travers des plans ingénieux qui misent sur l'aspect catastrophique de cette pandémie. Pour en revenir au camp de quarantaine, on dirait que le réalisateur s'est inspiré des camps de la mort nazis car on retrouve le côté séparation, maintient de l'ordre, décontamination, fosse commune pour bruler les corps... Cela rend le film encore plus crédible car on voit vraiment l'action d'un gouvernement déchiré entre la destruction du virus par les flammes où la recherche d'un vaccin. Le fait que cette pandémie se déroule en Asie ajoute un plus à l'ambiance du film.
Côté casting, le film nous montre une nouvelle fois que le jeu des acteurs asiatique et complètement différent de celui des Occidentaux. En effet, on a vraiment l'impression de voir les acteurs sur-jouer les sentiments de leurs personnages, mais également exagérer leurs comportements lorsqu'il s'agit de montrer quelque chose de banal. Sur l'ensemble des acteurs, seuls deux ont de l'expérience dans le cinéma et encore, c'était pour du DTV. Certes on ne peut pas blâmer les acteurs qui jouent ainsi, mais force est de constater que ça ne rend pas le film crédible, cela a plutôt l'effet inverse.
La réalisation est assez inégale. Les effets spéciaux sont loupés mais les maquillages sont réussis. Les explosions, décors en arrières plans sont dignes des plus mauvais nanar, mais à l'inverse, les maquillages et décors proches sont crédibles et ajoutent une touche exotique au film. On découvre une grande ville asiatique au prise avec un virus H1N1 muté qui transforme le paysage urbain. La ville suinte la mort, le camp de quarantaine est original et montre bien comment les autorités tentent d'endiguer la propagation du virus. La musique, utilisé judicieusement sert avant tout à appuyer les séquences chocs quand il faut. Un morceau en particulier fait beaucoup penser à In The House in a Heartbeat de John Murphy (qu'on entend dans la saga 28 Jours/Semaines Plus Tard), un très gros plus !
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Les + : le côté pandémie du point de vu asiatique, la réalisation notamment les maquillages et décors, les musiques appuient bien les séquences chocs
Les - : jeu d'acteurs difficile à cerner, un peu long à démarrer, du déjà-vu recyclé, quelques effets spéciaux loupés qui ruinent le côté immersion du film
Pandémie est une alternative originale pour comprendre comment des autorités pallieraient à une éventuelle épidémie à grande échelle. Contagion nous montrait le côté mondial, désormais changement d'échelle avec une épidémie qui se propage à l'intérieur d'une grande ville sud-coréenne. Classique, terriblement prévisible, mais quand même intéressant, ce film est construit sur une ambiguïté constante. D'un côté on l'apprécie pour sa vision chaotique d'une épidémie, de l'autre moins car il multiplie les maladresses agaçantes. A vous de voir de quel côté vous situez ce film.