J'ai rarement vu, au cinéma, de potentiel aussi facilement gâché que celui de feu American Nightmare premier du nom. Un sujet passionnant, des thématiques fascinantes à aborder, un sujet de société des plus brûlants. Que ferait-on si le gouvernement décidait de légaliser, le temps d'une nuit annuelle, les pires vices et sévices? Telle est la question à laquelle aurait dû répondre le film de James DeMonaco. Ratage complet au niveau de son scénario, le premier volet de ce qui sera ensuite une trilogie d'action/horreur ratait complètement le coche. Banal huis clos angoissant, il décidait de larguer toute réflexion au prix d'une action certes efficace, mais largement en deçà de ce qu'on aurait pu attendre d'un tel film. C'est donc avec une suite sans aucun rapport avec l'original que DeMonaco tentera de se rattraper. Verdict? Loin de constituer la déception du film originel, Anarchy se contente d'être un bon film d'action au sous-texte politique clair. Plus de bête huis clos dans une simple maison, plus d'intrigue minimaliste au possible. Ici, l'action se déroule en pleine ville, dans la nuit, sous les lampadaires et les coups de feu. Ca saigne, ça pleure, ça meurt. C'est cela, American Nightmare. Purge annuelle que celle-ci, on adonc droit à une saga qui s'étendra dans le temps. Mine de rien, si le résultat est toujours de cette qualité, j'en veux pour dix ans de plus. Avec une qualité revue la hausse. Car même si le résultat s'avère un tant soit peu convaincant, faut bien dire qu'il manque de solidité. Loin d'être inattaquable, ce second volet se démarque surtout du précédent par son action et son ultra-violence assumées. C'est à l'échelle de la ville, et pour le coup, c'est plutôt bien géré, avec une montée progressive dans l'horreur assez bien foutue, et des scènes chocs qui rendent plutôt bien ( celle de l'appartement des amis, quel drame ! ). On regrettera cependant le début paresseux de l'oeuvre, avec ses dialogues lourdingues et ses situations peu naturelles. Nul doute que lorsqu'il s'agit de mettre en place son intrigue, DeMonaco s'impatiente tellement qu'il ne parvient pas à donner une qualité constante. Car si le début pourra refroidir bien des ardeurs, la suite relèvera le niveau, s'efforçant de trouver une originalité dans l'horreur. Une originalité qui se transmet surtout lors de la montée en apothéose de l'intrigue, soit lorsque tout se joue. Je veux parler là de cet affrontement entre riches sadiques et modestes personnes armées, situation qui fait froid dans le dos. C'est dans l'excès, mais l'excès est bien géré. On notera aussi les ralentis efficaces de la mise en scène et le savoir-faire des gunfights, efficaces et plein d'adrénaline. Fort de son suspens important, cet Anarchy ne peine pas à divertir. Et si le film réussit si bien dans ce qu'il fait, c'est aussi grâce à la présence au casting du très charismatique Frank Grillo, acteur assez rare qui donne ses traits au héros de l'histoire. Un excellent choix de casting que voici. Le meilleur acteur du film.
Au final, American Nightmare 2 : Anarchy est un bon petit film sans prétentieux, le genre qui manque de finesse mais te fait passer une agréable soirée. Pour ce qui est du potentiel thématique de l'oeuvre, il est assez bien respecté; on voit vers où cela pourrait nous mener, et même si cela reste plutôt basique, l'effort est suffisamment louable, et la qualité assez revue à la hausse pour ne pas bouder son plaisir et le visionner sans à priori. A voir, une bonne série b du genre.