Un des seuls films de Stallone que je n’avais pas vu gamin. Et force est de constater que, 25 ans après sa sortie, "Cobra" fait sans doute partie des films les plus manichéens de la filmographie du grand Sly, devant "Rambo 2" et "Rocky 4". Pire, le film souffre d’une logique fachisante que n’aurait pas renier Charles Bronson ou Chuck Norris. Car "Cobra" collectionne à peu près tous les défauts des productions hard-boiled des années 80, le charme et le second degré (souvent involontaire) en moins. Sur le plan formel, on a droit à une réalisation tapageuse (le montage qui se calle maladroitement sur la BO, les effets de lumière pour faire peur, les ralentis ridicules…), à une BO braillarde qui tente de refourguer d’hypothétiques tubes oubliés depuis, et à une photo qui fleure bon les productions cheap des 80’s. Mais le pire est à venir puisque le scénario n’est rien d’autre qu’une apologie primaire de la justice personnelle, assénée à coups de scènes toutes plus hallucinantes les unes que les autres (Cobretti qui crache sur les droits de la défense ou qui tire 15 balles sur un mec là où une aurait largement suffit, le tueur qui se lance dans une diatribe enflammée expliquant que, malgré ses crimes, il n’ira pas en prison…) et de personnages repoussant les limites de la caricature (voir le journaliste et ses questions à la con ou l’insupportable détective Monte qui a le tort de ne pas partager la vision de la justice de Cobra). C’est à se demander comment le film peut être aussi régulièrement rediffusé. Tout n’est cependant pas à jeter dans "Cobra", à commencer par le look dément arboré par Sylvester Stallone (lunettes de soleil même à l’intérieur, gants en cuir, allumette au coin de la bouche, jean serré, flingue à la ceinture…), largement mis en avant par le réalisateur et par l’affiche… et qui a dû faire rêver toute une génération de flic. Idem pour son improbable bagnole. Quant au méchant du film, il est campé par un Brian Thompson à la gueule inimitable, qui ferait presque oublier un jeu d’acteur limité. La touche de féminité est enfin apportée par une Brigitte Nielsen encore mignonne mais relativement apathique. Côté dialogues, on appréciera les répliques tellement ridicules qu’elles en deviennent jouissives à 25e degré (le savoureux "j’vais tout faire exploser - Vas-y, j’irais faire mes courses ailleurs", "je traite pas avec les caractériels" ou "t’es un cinglé et je vais te guérir"… qui se limitent néanmoins quasi-exclusivement à l’unique scène du braquage du supermarché). Il n’en reste pas moins que ce film est beaucoup trop primaire et politiquement discutable, surtout au vu des autres films de Stallone qui ne brillaient pas forcément par leur finesse mais qui bénéficiaient d’un capital sympathie (voir "Tango et Cash", "Rambo 3", "Judge Dredd", "Demolition man"…). Ce n’est donc pas un hasard si "Cobra" s’est planté au box-office.