Pour son premier film en tant que réalisateur (avec la collaboration de Rodolphe Lauga), Manu Payet aura eu le bon goût de se montrer parfaitement fidèle à son image : le faux jeune à l’humour terriblement irrégulier. Le titre de son film (trop compliqué justement, trop référencé, trop "j’essaie de me la jouer hype"…) pourrait presque résumer, à lui seul, ce problème. Payet n’est ni metteur en scène, ni scénariste et ça se ressent ! Son intrigue, par exemple, aurait pu susciter l’intérêt s’il avait décidé d’apporter un éclairage différent ou un traitement un peu moderne à cette énième histoire d’adulte immature qui n’a pas fait le deuil de sa jeunesse et qui a peur de l’engagement. Avec un thème similaire, Rémy Bezancon avait fait une petite merveille d’audace et de fraîcheur ("Ma Vie en l’air") et Laurent Tirard avait su épater son monde ("Mensonges et Trahisons"). Manu Payet, lui, a fait une comédie plate où les personnages principaux sont privés de toute ambition scénaristique. Ainsi, le héros (Manu Payet) est un looser qui refuse d’avancer dans la vie mais qui va mûrir en se confrontant à son passé… soit un personnage déjà beaucoup trop vu (et en mieux). Le fantasme de jeunesse (Emmanuelle Chriqui) est, évidemment, une bombe sexuelle super sympa et célibataire qui, sans explication, va tomber amoureuse de ce héros qui n’a pourtant aucun intérêt. Quant à la future mariée (Anaïs Demoustier, cantonnée au rôle de la fiancée parfaite du cinéma français), elle a si peu de défauts qu’on peine à comprendre les envies d'ailleurs de son homme. La pauvreté du trio vedette est d’autant plus inexcusable qu’elle tranche avec l’originalité des seconds rôles qui, sans difficultés, s’emparent des meilleures scènes du film. On retiendra, ainsi, davantage les prestations de Jean-François Carey en "poteau d’enfance" et de Jean-Charles Clichet en témoin poussant à l’adultère, ainsi, plus surprenant encore, que celle de Philippe Duquesne en futur beau-père séducteur. Cette différence de traitement entre personnages principaux (sans intérêt) et seconds rôles (souvent très drôles) est symptomatique de l’écriture de Payet (et de son humour en général)... et se retrouve, d’ailleurs, à travers ses dialogues. En effet, si l’impression générale est un constat de pauvreté assez affligeant voulant se la jouer d’jeuns (l’emploi immodéré des "relou", "meuf" et autres "kénn’" pour des presque quarantenaires est assez risible), on ne peut qu’enrager lorsqu’on tombe sur une scène réussie, voire même très réussie qui ne cadre pas avec le ton du film. L’improbable discussion en terrasse entre les deux potes de Ben en pleine dépression en est sûrement le meilleur exemple, tout comme certaines répliques du futur beau-père sur sa mystérieuse fiancée. Malheureusement, même lorsqu’il parvient à nous rappeler qu’il reste un comique qui sait, parfois, faire rire, Payet réussit, parfois à se prendre les pieds dans le tapis par un montage peu efficace ou un dialogue qui vient flinguer la vanne (voir la scène de l’ancien camarade de classe qui lui demande ce qu’il avait répondu à la deuxième question d’une interro de maths en 3e ou encore le cadeau de mariage offert par son beau-père). C’est tout le problème de "Situation amoureuse : c’est compliqué" qui, grâce à ses fulgurances comiques, n’est pas tout à fait raté mais qui ne peut, en aucun cas, être considéré comme une réussite. On est encore loin des comédies subversives US dont Payet se revendique pourtant…