Je ne reviendrai pas sur le mode de distribution du film, voici donc la seconde partie tant attendue. J'ai décidé d'honorer mon moi passé qui avait adoré la première partie en allant voir la seconde le jour de la sortie.
Je ne suis pas surpris, c'est l'exact continuité de la première partie, rien de plus, rien de moi, tout ce que j'ai dit de bien sur la première partie est parfaitement valable, mais voyons plus en détail.
On le sait, LVT c'est un gros lourdeau n'ayant aucune espèce de subtilité et c'est sans doute le seul à l'être de façon à ce que ça soit excellent, sans doute car il a sa sincérité, son ambition et ses idées qui parfois bancale donnent malgré tout un film génial.
Du coup dans ce second volume LVT n'y va pas par quatre chemins et j'aime ça, il se moque lui-même des coïncidences dans l'histoire, il fait dire à ses personnages ce que le spectateur pourrait se dire sur les digressions. Il ose tout, même un clin d'oeil lourd au possible avec Antichrist et pourtant tellement bon ! Ce que j'aurai adoré, c'est de ce rendre compte que le personnage d'Antichrist et de Nymphomaniac était le même, ça, ça aurait été jouissif. Mais bon qui cracherait sur un peu de Händel ? (Ou sur le Miroir ?).
Mais ce que j'ai adoré c'est à quel point dans son propos il fait fi des convenances… ici pas d'interdits ! Et j'avoue m'être reconnu dans ce que dit Gainsbourg sur le mot "nègre", retirer un mot, un mot que l'on a plus le droit de prononcer c'est pas forcément très bon pour la démocratie, ce à quoi elle ajoute que les gens sont trop stupides pour la démocratie, difficile d'être plus dans le vrai !
Le point le plus sulfureux reste néanmoins la prise en empathie d'une pratique sexuelle dite déviante ! Je n'avais pas vu/lu ça depuis Sade. Et c'est dit avec beaucoup d'intelligence. Du coup ça fera chier les bienpensants, ce qui est plutôt cool.
Le meilleur reste le propos féministe du film, qui contrairement à ce que certaines essayent de nous faire croire, est pour une femme d'avoir une sexualité d'homme et non pas forcer les hommes à avoir une sexualité de femme.
Enfin je dis le meilleur… Je pourrai aussi parler de la révélation qui dit beaucoup de choses sur le personnage de Seligman et qui est à mettre en relation avec la fin. Phrase finale qui d'ailleurs est une question que beaucoup d'hommes se sont souvent posées, ce qui rend le film d'autant plus vrai, c'est que toutes les relations entre les personnages puent et suintent la vérité et ceci malgré les coïncidences du récit.
Mais ce n'est pas qu'un film intelligent ça serait le priver de toute la recherche esthétique adoptée par le film dans la continuité du premier volet. Alors certes c'est moins exubérant, mais tout de même.
Il faut aussi retenir les scènes avec Jamie Bell, ultra classe, qui fouette Gainsbourg. Je suis d'ailleurs un peu déçu que la scène ne soit pas en temps réel, ça aurait pu rendre tellement bien.
Bref c'est un film bien fait, intelligent, bien pensé, qui n'y va pas de main morte, qui n'est pas forcément ce que l'on aurait pu attendre de lui, mais qui apporte bien plus et qui est très bien référencé, très vrai, et qui en dépit de son sujet arrive à avoir ses moments de grâce absolue, la découverte de l'arbre par exemple.
Et on peut noter la présence d'Udo Kier… toujours sympa !