Un jeune couple, un mariage, un voyage de noces, une grossesse qui survient rapidement, une future maman qui disjoncte…, le tout raconté au moyen de séquences filmées au caméscope par un futur papa ayant visiblement la caméra vissée à la main, et juxtaposées, sans autre procédé de narration pendant toute une première partie de film. Si le sujet — et le titre — fait immédiatement penser à 'Rosemary's baby', les images chancelantes et tremblantes, le jeu plat des acteurs, les personnages stéréotypés et l'absence de recherche visuelle ont tôt fait de rappeler qu'on n'est pas dans le chef-d'œuvre de Polanski.
En 2012, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett avaient, en qualité de réalisateurs, déjà visité le cinéma d'horreur avec un 'V/H/S' qui n'avait marqué ni les esprits ni l'histoire du genre. Renouvelant l'expérience avec 'The Baby', ils étonnent la critique par leur manque d'audace autant que par l'indigence de leur film. De fait, il faut accepter de laisser défiler la longue succession d'images caméscopées, se demander si on est bien au cinéma (en dépit du fait que ce que l'on voit soit distribué par la très respectable 21 th Century Fox), pour avoir enfin droit, dans la seconde partie du film, à quelques scènes plus intéressantes à base d'effets spéciaux. Séquences intéressantes, mais d'un intérêt toutefois limité, ou, en tout cas, uniquement technique. Celles qui, en effet, fonctionnent le mieux n'ont rien de personnel ni d'original : des vues filmées dans le noir où l'on attend l'image qui fera sursauter, des effets de télékinésie des plus rituels… Rien à quoi le cinéma d'horreur n'a pas déjà largement habitué son public.
La distribution met en vedette Allison Miller, jeune actrice issue des séries américaines à succès ('Cold Case', 'les Experts', 'Desperate Housewives', etc.) et venue se perdre dans ce film sans âme ni charme. Future maman fait la fête, future maman passe sa première échographie, future maman fait ses courses et satisfait une soudaine fringale carnivore, future maman pleure et perd les pédales… On perçoit l'idée d'inscrire les événements dans un quotidien restitué de façon réaliste, par un procédé filmique que la mode du found footage a mis sur les rotules ; mais à aucun moment on ne se sent emporté par les images ni par l'histoire. Quitte à se frotter à l'antéchrist, on a surtout l'envie, en sortant du cinéma, de se replonger une énième fois dans 'The Omen' (R. Donner, 1976) et d'oublier bien vite ce triste 'Baby'.