Je ne crois pas qu’il existe beaucoup de films sur Guantanamo, et sûrement aucun du point de vue des gardes qui gèrent le quotidien du lieu. En ce sens, « The guard », est intéressant du fait de ce sujet inédit. Après, le sujet ne fait pas tout et il est nécessaire de développer une histoire nourrie d’enjeux un peu forts pour donner au spectateur un long-métrage un peu passionnant. Hélas, le film de Peter Sattler, dont il est aussi le scénariste, ne parvient jamais à dépasser son sujet de jeune soldate affectée comme gardienne de prison de détenus, considérés comme terroristes, sur la base militaire de Guantanamo et qui lie une étrange relation (amicale pourrait-on dire), avec Ali, un détenu. Le film traduit bien l’absurdité de la situation, avec des détenus au statut hors de toute juridiction légale et détenus pour une durée inconnue, et des gardes uniquement présents pour empêcher ceux-ci de se suicider. Une fois la première partie du film qui décrit la situation et enclenche la relation trouble entre Ali et Amy, le film finit cependant par patiner. Le désenchantement d’Amy est clair, non seulement son quotidien et ennuyeux, mais en plus de cela elle se rend compte de l’horreur de la situation des prisonniers. Malheureusement, le spectateur s’ennuie lui aussi et on perd relativement rapidement notre intérêt pour ce face à face entre gardien et prisonnier. Le film s’inscrit comme une dénonciation d’une situation aussi kafkaïenne que cruelle, mais il le fait avec une intrigue mollassonne qui malgré une interprétation solide, lasse rapidement un spectateur qui, à l’image des détenus, ne voit rien changer dans une situation figée pendant plus d’une heure cinquante et dont les dialogues entre Ali et Amy et les mésaventures de cette dernière ne parviennent pas à offrir un tant soit peu de matière. Un film de plus d’une heure cinquante qui aurait déjà gagné à être raccourci de vingt minutes, mais qui surtout, aurait mérité une intrigue plus fouillée. Un drame, vaguement instructif sur une prison, considérée par beaucoup comme illégale, mais qui ne donne pas un film très intéressant au-delà. Pas vraiment indispensable.