Destin Cretton filme son fictionnel "States of Grace" comme le documentariste qu'il a longtemps été - d'où une surcharge en gros plans, des éclairages minimalistes, et des prises de vue ad hoc, caméra à l'épaule, de manière beaucoup trop chaloupée à mon goût. Ceci étant, le film a d'autres mérites qu'une forme "réaliste", finalement convenue, et qui peut lasser assez vite. Il y a une vraie histoire (écrite par Cretton, seul - à partir de son expérience professionnelle d'éducateur), exploitée en abrégé précédemment par le cinéaste dans un court métrage. Qui, à défaut d'être surprenante, est contée avec efficacité et sobriété - ce qui évite la surcharge et la guimauve, écueils majeurs de ce type de sujet. Grace (Brie Larson, vue récemment dans "The Spectacular now"), 25 ans à l'estime, est éducatrice dans un centre californien pour ados en difficulté (familles démissionnaires au minimum, souvent maltraitantes, pathologies mentales - un autiste, des ex-drogués, des psychotiques.. beaucoup de mal-être, voire de souffrances, et même de drames promis). Elle est en couple avec Mason (John Gallagher Jr, un petit rôle dans "Whatever Works" de Woody Allen), qui travaille dans le même foyer. Ce dernier a vécu en famille d'accueil, mais n'en a gardé aucune séquelle - bien au contraire, le couple de Latinos en cause étant uni et bienveillant envers ses nombreux pupilles. Le passé de Grace est, lui, fort douloureux, qui lui revient en pleine figure par la conjonction de deux événements concomitants :
sa grossesse, et l'arrivée au centre de Jayden, une gamine de 15 ans abusée, comme elle au même âge, par son père, récemment veuf.
La crise monte en graine, l'atmosphère s'alourdit d'autres problèmes (
comme le refus de Marcus de quitter le foyer, alors qu'il va avoir 18 ans),
mais ces "états de Grace" pourraient bien tourner à l'"état de grâce", avec un coup de pouce du Destin... Film estimable - à défaut d'être un "chef d'oeuvre".