Bon, d'abord sortir un film avec un titre pareil, il fallait oser. Je vois bien que le film lorgne lorgne vers le conte de noël à l'Américaine, avec mélange de bons sentiments et messages de tolérance (quel mot affreux quand on y pense: on devrait accepter mais personne ne devrait se sentir flatté de tolérer) à la clef et après tout pourquoi pas, le cinéma américain regorge de ce genre de puddings consensuels ni scandaleux ni honteux, mais sans surprise, figé ici dans un décor de carte postale, avec des péripéties au ras des pâquerettes, une vision de la France façon Clochemerle (1934 quand même) et des acteurs français réduits à des caricatures (pauvre Michel Blanc réduit à s'empiffrer, Clément Sibony dans un rôle indéfendable, et que dire des 3 plans sur Vincent Elbaz) manifestement tous tentés de jouer aux côtés de "la Mirren", actrice dont il faudrait peut-être reconsidérer l'aura, tant la carrière, du moins ces dix dernières années (de navets indistribuables en produits sans âme) et la variété de jeu m'ont toujours paru très en dessous de la réputation d'immense actrice (en gros même si elle est plus jeune, ce n'est ni Maggie Smith, ni Judi Dench, ni même Vanessa Redgrave ou Glenn Close). Comme ce genre de projet déborde de prise de risques, on a confié l'emballage à Lasse Hallstrom, cinéaste gentil, qui fait des films gentils, même quand ces sujets ne le sont pas et qui nous refait ici plus ou moins le même coup que dans Chocolat. Charlotte le Bon apporte un peu de fraîcheur dans ce film apprêté qui, j'ai menti, réserve tout de même une surprise de taille au générique : le crédit au scénario de Steven Knight, auteur des formidables Peaky Blinders et cinéaste audacieux de Locke. Qu'il ait pu commettre un scénario aussi mièvre et ripoliné et palpitant qu'un mix de Master Chef et de Plus belle la vie Laisse pantois. J'ai lu ici ou là que la nourriture est bien filmée. Mouais, elle me paraissait plus appétissante et sensuelle dans Les Saveurs du Palais de Christian Vincent ou un peu plus loin en arrière quand Stéphane Audran nous régalait avec le Festin De Babette.
On a beau avoir envie et besoin de messages positifs, de sentiments réconfortants, de films optimistes, on peut les faire autrement qu'avec des gros sabots et des grosses ficelles. A moins évidemment, que le triomphe public réservé en 2014 à un téléfilm comme Mais qu'est ce que j'ai fait au bon dieu, et à un navet inter-sidéral et dopé à l'hélium comme Lucy, ne change la donne et ne devienne désormais la norme. Dans ce cas, on pourra toujours aller au ciné comme au supermarché pour consommer des produits trop riches, trop sucrés, trop gras, des produits de masse, du cinéma cholestérol...