« La prochaine fois, je viserai le coeur », est un film banal mais en même temps qui ne l'est pas. Je m'explique : des adaptations de faits divers ayant défrayé la chronique, on en a vu des milliers, impossible de les compter. En revanche, une adaptation de faits divers avec comme personnage central un flic bizarre aux pulsions meurtrières, c'est beaucoup moins commun et l'on paut qu'apprécier que ce soit un cinéaste français qui se soit penché sur cette affaire. Bien qu'étant long à démarrer et ayant, dans un premier temps, du mal à dégager ce qu'il veut dégager, ce film parvient progressivement à trouver son rythme de croisière et à imposer sa griffe. Une griffe étant bien sûr cette ambiance sordide et glaciale couplée à l'impassibilité et l'imprévisibilité du personnage joué (fort bien d'ailleurs, ce qui est rare) par Guillaume Canet, que l'on n'attendait pas vraiment dans une œuvre de ce genre. Bien évidemment que ce polar n'est pas la huitième merveille du monde, qu'il ne révolutionnera pas le genre et que, par conséquent, il ne sera pas une date dans l'histoire du film policier français, mais en ces temps difficiles, un film qui se veut ambitieux en dépit de moyens limités, on ne peut que lui donner du crédit. A voir donc.
D’après l’histoire vraie du tristement célèbre gendarme Alain Lamarre, le film retrace la vie et les meurtres du « Tueur fou de l’Oise », tuant sauvagement les auto-stoppeuses et les jeunes filles esseulées, terrorisant la région entre 1978 et 79, tout en ralentissant et en exaltant dans le même temps sa propre enquête à laquelle il participait. Compliqué, agressif, masochiste avec sa famille, ses collègues ou la femme qui l’aimait ; halluciné, vide, paranoïaque avec lui-même ; farouchement militarisé, clairement névrosé et assurément malheureux dans tous les cas, la caméra se porte témoin de sa vie intime, criminelle et professionnelle, de son évolution, ses fantasmes et sa déroute qui ébranla le monde gendarmesque à l’époque. Malgré la romance, revendiquée dès le début, plusieurs invraisemblances à l’intérieur de ce milieu, plus quelques erreurs historiques ou dialectiques de l’époque, voici un très bon drame psychologique, humain, sombre et captivant malgré l’aversion qu’on peut avoir pour le monstrueux « héros ». Guillaume Canet transmet avec brio les inaptitudes, la force et la petitesse lâche, et la touchante souffrance de ce triste sire, autant dans sa douleur intime que dans sa malsaine détermination.
Encore une étonnante performance d'acteur de Guillaume Canet qui interprète ce tueur de l'Oise de la fin des années 70 et qui n'était autre qu'un gendarme en exercice. Totalement effroyable car d'une crédibilité sans faille. Heureusement, la présence de la lumineuse Ana Girardot amène une touche indispensable d'humanité dans la description de ce psychopathe.
Au cœur des enquêtes policières des années soixante-dix, La Prochaine fois je viserai le cœur est un long-métrage au grain précis vertigineuse. Cet enrobage de couleurs met en scène un Guillaume Canet formidablement dérangeant. Enchâssant le rôle d’un flic sérial killer, il joue le profil attendu du personnage. Enigmatique, timide et souvent incompréhensible pour qui n’est pas mentalement atteint, l’acteur délivre une prestation sombre et déstabilisante. L’histoire à l’image du personnage fait sa part de mystère tout en restant accessible pour ne consterner personne. Pour son troisième long-métrage, le réalisateur a su trouver les justes mesures pour nous présenter un thriller palpitant et grand public. D'autres critiques sur ma page Facebook : Cinéphiles 44
Rien de plus casse-gueule désormais que le film "de psychopathe", sujet usé après une vingtaine d'années des mauvais (et de bons, aussi...) films hollywoodiens. La caution de "l'histoire vraie" vient d'ailleurs s'ajouter comme un méchant risque supplémentaire : entre le spectaculaire putassier et le point de vue moral forcément réducteur, entre le "c'est affreux, mais ça s'est passé comme ça !" et la complaisance envers l'esthétique du crime, comment trouver la place de faire un film "juste" ? C'est une question que s'est visiblement posé Cédric Anger, et même si ses réponses ne sont pas parfaites, il faut admettre que son "la Prochaine Fois je Viserai le Cœur" a sacrément de la gueule... La gueule de Guillaume Canet, d'ailleurs, excellent dans un mode paradoxalement atone et pourtant émotionnellement explosif : il porte le film jusqu'au bout, ou plutôt il porte parfaitement la vision d'Anger, en équilibre instable entre contemplation accablée d'actes abjects et dégoût profond envers la grisaille conformiste de la France de la fin des années 70. S'il y a des maladresses dans le film, ce sont les scories habituelles du genre qu'Anger n'a pas eu le courage d'éliminer radicalement : une musique trop envahissante, quelques explications psychologiques faciles - l'impuissance, l'homosexualité refoulée... Il est heureusement facile de les ignorer pour ne retenir que la grande justesse du regard sur les personnages, et surtout la magnifique juxtaposition d'éléments apparemment inconciliables : le dégoût du tueur pour la crasse et l'animalité, alors qu'il vit dans les ordures ; son amour de la nature et des animaux et sa haine de l'humanité ; son souci de transmission envers son jeune frère par rapport à son mépris irrépressible envers les faiblesses de ses collègues, etc. Mais la plus grande noblesse du film d'Anger, c'est de ne pas avoir peur d'affirmer que toute compréhension, toute empathie est impossible, mais que, en dépit de tout, ce psychopathe absolu partage beaucoup plus de choses avec nous, spectateurs embarrassés, que nous voulons l'admettre.
Une très belle surprise. J'irai même jusqu'à dire - ce qui est assez rare - que je n'ai trouvé quasiment aucun défaut à ce film, tiré d'un vrai fait divers. Guillaume Canet que je trouve d'habitude assez quelconque m'a bluffé. Il est entré à la perfection dans son personnage et grâce à lui, nous sommes immergés dans cette histoire. Ça me rappelle un peu la performance de Vincent Cassel pour les deux volets de Mesrine. L'ambiance et l'époque sont tout simplement parfaites, on s'y croirait. La bande son, même remarque, elle va en adéquation avec l'ensemble des scènes. Les autres acteurs sont vraiment très bons, naturels et super convaincants (ce qui est vraiment de plus en plus rare dans le cinéma français comme étranger). En plus de ça, on ne s'attarde pas sur les agressions ou meurtres avec des tonnes d'hémoglobines et au contraire, on se concentre plus sur la personne même du protagoniste. C'est bizarre mais à la fin, on vient presque à se dire que cet homme à un problème psychologie et qu'il ne peut se contrôle (ce qui a été véritablement le cas - voir "Affaire Alain Lamare" sur Internet). Même son de cloche pour la relation qu'il a au cours de sa vie et qui reste totalement "inconnue" et qu'on se demande même si ça n'a pas été inventé. Franchement, hormis le fait que parfois on sait ce qu'il va se passer, j'ai rien d'autre à reprocher à ce film. Il y a même des pointes d'humour froid qui s'intercallent parfaitement au milieu de ce drame. C'est bizarre car ça fait vraiment longtemps que je n'ai pas dis ça pour un long métrage et ça me fait plaisir de l'évoquer pour une réalisation de chez nous. Je recommande totalement "La prochaine fois, je viserai le cœur" pour tous les amateurs de cinéma et les autres bien sur. Un drame policier cru et franchement réussi, rien à dire. 14/20.
Très bonne adaptation d'un fait réel. Froid noir et réaliste le film ne laisse pas indifférent. Il réveille tous nos souvenirs des années 70 Guillaume Canet en grande forme, belle collection de véhicules et de mobilier d'époque.
La mise en scène brille dans une restitution de faits épouvantables où la douleur sourde est palpable, un film qui vous captive, guillaume canet joue le rôle admirablement.
Je n'en attendais pas tant, et c'est avec plaisir que je décerne une bonne note à ce film. L'ambiance recréée est parfaite, la mise en scène classique mais efficace, et le suspense, à défaut d'être exceptionnel, demeure correct. Un bon petit polar à la française, comme nous savons en faire, lorsqu'on se décide de bien faire les choses.
Thriller terrifiant qui nous conte le parcours du tueur de l'Oise !! Certains passages sont glaçants et prenants et d'autres plus laborieux à suivre la faute à un manque certain de rythme mais dans l'ensemble c'est un bon polar qui fait froid dans le dos ! Petit bémol la B.O qui tape un brin sur les nerfs !!
Voilà que le cinéma français adapte à nouveau un fait divers après Vie sauvage de Cédric Kahn. Dans La prochaine fois je viserai le cœur, Cédric Anger s’intéresse non pas à un père qui fuit la société et sa frénésie consommatrice, mais à un homme solitaire dont le talon d’Achille principal est les femmes. Sa famille le voit beau mais maladroit. La seule femme qu’il croise sans tenter de la tuer le trouve « gentil ». Mais ça n’est pas ce que veut entendre cet homme. Un homme n’est pas gentil, ou alors « autant lui couper les couilles » directement rétorque-t-il à Sophie qui s’éprend de lui. De la vie de Franck, ce tueur (et gendarme) apeuré, on ne voit que des brides, des moments d’autoflagellation à la minutie avec laquelle il enfile toutes les nuits son costume de gendarme pour se traquer lui-même, l’air de rien. Tout en jouant au chat et à la souris avec ceux qui le cherchent et avec lesquels il travaille, il tente aussi de se trahir pour être arrêté. C’est que, pas plus que lui, nous ne comprenons pourquoi il agit ainsi. « Je suis un tueur fait pour tuer et je tuerais avant qu’on ne me tue… », écrit Franck à la gendarmerie, à ses collègues. Il cherche donc à être arrêté tout en cherchant à échapper à la police – paradoxe puisqu’il y travaille. Même s’il promet, dans une lettre, de traquer sans relâche celle qui lui échappe (et le trahira). Ce personnage qui vit seul, reclus, qui va dans la forêt s’éprendre de liberté et la donne en héritage à son frère, a des vertus cinématographiques indéniables. Or, le film nous est d’emblée présenté comme « l’affaire criminelle la plus exceptionnelle » de ces dernières années mais on ne ressentira jamais la frayeur vantée par le synopsis même quand Franck fait semblant de nous tirer en plein cœur, face caméra.
Ce film est fortement inspiré d'une histoire reel. Mais qu'elle histoire de fou quand on sait qui est le criminel !! C'est tellement gros qu'on se demande même comment cela a pu se passer en vrai ! Mais ça c'est la tragédie des faits divers. !