On est d’accord, le coup du triangle amoureux, c’est un sujet traité mille fois par le cinéma, la littérature et ce depuis les temps bibliques et ce n’est pas faire injure à Anne Le Ny que de dire qu’elle ne va pas révolutionner le cinéma avec un sujet si bateau. Mais une telle longévité est bien la preuve qu’on est en présence d’un sujet indémodable, qui parle absolument à tout le monde. Qui peut prétendre être à l’abri d’un coup de foudre qui vous fait vaciller sur vos bases et vous fait agir en dépit de toute logique ? Et c’est bien ce qui arrive au personnage parfaitement incarné par Karine Viard (quelle actrice, je l’adore !), qui se met à agir comme une garce et dont pourtant, à aucun moment, on n’est tenté de jeter la moindre pierre. On est en complète empathie avec son personnage, bien plus qu’avec celui de sa « rivale » qui pourtant est la « victime ». Le film d’Anne Le Ny doit beaucoup à ses trois acteurs phares, Karine Viard, Emmanuelle Devos qui incarne une femme paumée et naïve et Roshdy Zem en mari « comestible » , j’utilise cet adjectif pour deux raisons, d’abord parce qu’il est à croquer et qu’en plus, il passe une bonne partie du film à confectionner des plats très appétissants ! Les seconds rôles, en revanche, sont quasi inexistants ou alors si peu écrits qu’on n’y accorde qu’une attention très limitée et c’est très dommage. Mis en scène avec efficacité et sobriété, et avec quelques touches d’humour très subtiles, cette histoire d’amour à trois arrive quand même, en dépit de mes craintes, à surprendre un peu. Disons qu’enfin voilà une histoire de triangle amoureux qui n’est pas complètement cousue de fil blanc. Même si la fin est un peu attendue, et même si surement elle décevra ceux qui auraient aimé un peu plus de cynisme, moi elle me convient en dépit de son caractère un petit peu téléphoné. C’est un film qui vaut essentiellement pour le portrait qu’il dresse de deux femmes qui remettent en cause leur vie aux alentours de la quarantaine. L’une s’est toujours laissé porté par la vie et rêve de prendre enfin son envol, l’autre voudrait juste qu’on l’aime de nouveau. Ces deux personnages, dont on pourrait penser qu’elles prennent deux voies différentes, voire antagonistes, sont en réalité sur le même chemin, celui du bonheur et de l’épanouissement personnel… En réalité, de par leur personnalité et leurs aspirations, elles représentent toutes les femmes de cet âge, dans toute leur complexité.