Sortie dans l’indifférence générale durant l’année en cours, cette production Disney gentillette sur l’héroïsme en CGI n’aura pas convaincu grand monde, et pour cause. Des personnages creux, une abondance d’effets numériques bâtards, une panoplie d’invraisemblance logiques, ou de facilités, l’exemple même de la grosse production hollywoodienne désincarnée, brûlot sur les grandes vertus du courage, de l’abnégation face à dame nature, le tout en forme de bouillon numérique à peine digeste. Décidément, l’Entertainment se croche violemment les pieds dans le tapis à chaque tentative artificielle de grands récits héroïques préconçus, s’inspirant, comme ici, de récits véridiques, enrobant les faits dans une pâte de guimauve aussi épaisse et grasse qu’il devient pénible d’y cautionner quoique ce soit.
Nul surprise, donc, que de retrouver Disney derrière cette forme de mascarade arrogante, là où la firme, leader incontesté de l’animation, s’emploie à rivaliser avec les studios concurrents sur des projets commerciaux dits standards, le film catastrophe, en l’occurrence. Sans la moindre éraflure, sans saignements ni hurlements, avec toute la bonté du monde, the Finest Hours nous fait le récit d’un naufrage, d’un sauvetage improbable, agrémentant l’ensemble d’une romance pour le moins niaise et improductive. Rien n’interpelle le public, rien ne laisse présager une quelconque recherche narrative, tout n’est qu’un déroulé de séquences vides, à l’exception peut-être des scènes sur les bateau en perdition, ou les marins tentent l’astuce pour survivre.
Si ce type de film convient parfaitement à un comédien comme Chris Pine, habitué à un cinéma alimentaire, au jeu creux, incarnant ici un jeune bellâtre mésestimé devenant tout à coup le héros de tout un peuple, il est d’avantage regrettable d’admirer un Casey Affleck ou un Ben Foster dans des rôles de substitution aussi maigres, aussi inconséquents. En somme, on pressent ici que les comédiens ont signés pour barboter dans une piscine entourée de grands panneaux verts, un tournage aisé, un gain financier conséquent, Disney oblige. Du pur commerce de valeurs standardisées, le type de tournage qui plaît au syndicat des acteurs.
Mais le pire, dans tout ça, c’est cette abondance nauséabonde d’effets numériques à peine acceptable, ou la moindre balade en voiture devient un motif pour créer des fonds artificiels du plus mauvais goût. Manière d’économiser de l’argent, flemme générale de sortir une caméra d’un hangar de studio? Bref, the Finest Hours incarne ce cinéma si artificiel qu’il peine à offrir une quelconque image non-retouchée, ou lorsque le cinéma populaire se rapproche toujours plus dangereusement du film d’animation. 04/20